Danse

L’émotion énergique

Le Ballet Jazz de Montréal danse...Leonard Cohen. Inoubliable!
Dance Me - Photo: Thierry du Bois / Cosmos Image

En insistant pour recevoir enfin dans sa saison d’Odyssud, déplacée pour raison de travaux en ces soirées du 15 et 16 novembre 2022 au Casino Barrière, le Ballet Jazz de Montréal, Emmanuel Gaillard savait qu’il allait, pour la plupart des spectateurs, leur faire découvrir ce qui se fait de mieux en la matière au pays de nos chers cousins du Québec. Et plus globalement de toute l’Amérique du Nord. Voire au-delà.  Par deux fois reportée, la venue de cette troupe qui frôle aujourd’hui la légende, vient de connaître d’indescriptibles triomphes. Des salles archi-combles ont longuement et bruyamment manifesté leur enthousiasme pour ce programme intitulé Dance Me sur une musique de Leonard Cohen (1934-2016). Ce programme, faut-il préciser tout de même, a été approuvé par le plus célèbre des ambassadeurs québécois du 20è siècle.

Poète, romancier, auteur, compositeur, interprète, Leonard Cohen est l’un des artistes majeurs de notre temps.  Sous la direction artistique de Louis Robitaille, directeur de cette Compagnie depuis 1998, et dans la dramaturgie scénique d’Éric Jean, ce spectacle suit les cycles de l’existence humaine tels que Leonard Cohen les a dépeints dans son œuvre.  L’écriture chorégraphique en a été confiée à trois chorégraphes, le Grec Andonis Foniadakis, la Belgo-colombienne Annabelle Lopez Ochoa et le Britannique Ihsan Rustem, trois artistes de renommée mondiale.

Dance Me par le Ballet Jazz de Montréal – Photo Thierry du Bois

Il revient donc aux 14 artistes-interprètes de la Compagnie de nous faire entrer dans l’univers de Leonard Cohen. Ils vont le faire avec une énergie incroyable, littéralement explosive, qui ne fait en aucune manière l’économie de l’émotion. Celle-ci est présente à chaque instant, qu’il soit chanté ou dansé. Des vidéos magnifiques et des éclairages superbes rythment ce spectacle, découpant des espaces, troublant la perception en donnant parfois le vertige devant ces corps en apesanteur, ces ombres chinoises fantomatiques. Il faut souligner cette formidable énergie déployée avec une fluidité et une maitrise dans lesquelles il est aisé de reconnaître la discipline classique ici conjuguée à des rythmes qui ont fait la légende du poète et musicien montréalais.

Comment ne pas avoir le cœur serré, pour plein de raisons aujourd’hui, en entendant ce qui est certainement son chef-d’œuvre : Hallelujah, chanté ici en direct et de belle manière par deux danseuses de la Compagnie.  Un moment suspendu. Un moment d’éternité qui ne s’analyse pas.

Voilà la soirée que vient de nous offrir Odyssud.

Le public ne s’y est pas trompé. Standing ovation finale !

Robert Pénavayre

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