Comme le soulignait, sur scène, Nicolas Joel, « Il y a des moments importants dans la vie d’une troupe de ballet et dans la vie d’un danseur ». Ce moment que l’Opéra de Paris a décidé de faire partager au public depuis quelques temps, c’est celui de la nomination suprême au rang d’Etoile d’un interprète.
Alors qu’un Palais Garnier archi comble réclamait à grand renfort d’applaudissements nourris les interprètes de la Bayadère de Noureev en ce mercredi 2 juin 2010, le rideau de scène se releva sur… Nicolas Joel et Brigitte Lefèvre entourés de tous les artistes de cette soirée.
Stéphane Bullion (Solor)
le 2 juin 2010
Photo Sébastien Mathé
Un frisson parcourut l’assistance. Un grand moment se préparait. C’est Nicolas Joel, directeur de l’Opéra de Paris, sur proposition de Brigitte Lefèvre, directrice de la danse, qui annonça la nomination de Stéphane Bullion au rang d’Etoile de l’Opéra de Paris, soit la plus prestigieuse distinction mondiale en matière de danse.
Ce lyonnais de 30 ans n’est pas un inconnu pour quiconque s’intéresse à la danse, et plus particulièrement à la vie de notre première troupe nationale. Engagé dans le Corps de Ballet de l’Opéra de Paris en 1997, il est rapidement repéré et dès l’année suivante il devient Quadrille. Trois ans après le voilà Coryphée. Il a 21 ans. Mais le talent est là, aveuglant. En 2002 il accède au rang de Sujet ainsi qu’à de nombreux rôles de soliste. Il va ainsi et pendant cinq ans, affiner sa technique et se composer un étourdissant répertoire. En décembre 2007, il est promu Premier Danseur et le voici, à peine deux ans après, Etoile.
Le 21 février 2007, Stéphane Bullion est encore Sujet, Brigitte Lefèvre le distribue dans le rôle de Morel du « Proust » de Roland Petit. Au sujet de cette représentation, j’écrivais alors « … qu’il serait étonnant de ne pas voir Stéphane Bullion accéder rapidement au grade suprême de sa discipline tant sa sûreté, son élégance et sa conviction s’imposent de spectacle en spectacle ». Son sérieux et son talent viennent de le consacrer.
C’est en larmes, effondré d’émotion, qu’il s’est présenté pour un ultime salut devant un public véritablement en liesse. Une autre vie, encore plus exigeante, s’ouvre devant lui.
Stéphane Bullion étrennera ses collants d’Etoile, rôle du Mikado, dans le ballet de Jiri Kylian : Kaguyahime, en alternance du 11 juin au 15 juillet à l’Opéra de Paris.