Voilà plus de vingt ans que Mister B n’avait plus fait danser les danseurs du Capitole, si l’on excepte son Fils Prodigue en 2014 !
Il nous revient pour le joli temps de Noël avec un spectacle qui lui est entièrement consacré : « Magie Balanchine », avec trois de ses ballets parmi les plus emblématiques, Thèmes et Variations, Tchaïkovski Pas de Deux et Who Cares.
Créateur de 425 ballets entre 1920 et1982, rien pourtant ne prédestinait le jeune Georgi à la danse. Son père, d’origine géorgienne est compositeur et le jeune Georgi commence l’étude du piano dès l’âge de 5 ans. Quatre ans plus tard, il entre par hasard à l’Ecole Impériale de Ballet de St Pétersbourg ; il y découvre la danse et va y consacrer sa vie. Diplômé en 1921 il intègre le prestigieux théâtre Mariinsky tout en poursuivant en parallèle des études de piano et de composition dans l’espoir de devenir compositeur. Cette double formation sera l’une des clefs de l’inspiration future du chorégraphe. Dès 1920 (il a 16 ans !) il créée ses premières chorégraphies pour des soirées du jeune ballet. En 1924, à l’occasion d’une tournée en Allemagne, il quitte l’URSS. C’est la rencontre avec Serge Diaghilev et les Ballets Russes (où il est nommé maître de ballet à 21 ans !), et surtout avec Igor Stravinski avec lequel il entame une étroite collaboration. Ils créeront ensemble plus de trente ballets dont « Apollon Musagète », qui témoignent déjà de la volonté du chorégraphe de faire du ballet « la visualisation de la musique transformant le son en mouvement ». Une blessure au genou en 1927, ne lui permet plus de danser. Il se consacrera alors à la chorégraphie.
Après la mort de Diaghilev en 1929, il est engagé par plusieurs compagnies dont les Ballets Russes de Monte Carlo, avant de fonder sa propre compagnie, « Les Ballets 1933 », qui malheureusement est un échec. Il fait alors la connaissance de Lincoln Kirstein, un riche américain amateur d’art et de danse, qui rêve d’implanter la danse classique dans son pays. Balanchine accepte son invitation et émigre aux Etats-Unis auprès de celui qui deviendra son mécène.
En 1934, ils ouvrent à New York la School of American Ballet. L’année suivante, le Metropolitan Opéra lui ouvre ses portes en tant que Compagnie résidente. Mais le succès est peu probant, le style très personnel de Balanchine n’est pas vraiment du goût du public plutôt conservateur de cette salle.
En 1939, le chorégraphe acquiert la nationalité américaine. Il travaille alors pour Broadway et Hollywood. C’est en 1948 qu’il crée le New York City Ballet qu’il dirigera jusqu’à sa mort en 1983. Sous sa direction, et celle de Jérôme Robbins directeur adjoint et second chorégraphe, cette compagnie s’affirme comme l’une des troupes les plus actives dans le monde, dont l’originalité est d’avoir un répertoire essentiellement composé d’œuvres de Balanchine.
Les trois ballets, que nous présente le Ballet du Capitole, sont le parfait trait d’union entre le russe Georgi Melitonovitch Balanchivadze et l’américain George Balanchine.
THÈMES ET VARIATIONS
Sur la musique de Tchaïkovski, Balanchine compose un ballet sans argument, en douze variations qui rendent un hommage vibrant au Mariinsky et à celui que Balanchine considère comme son maître : Marius Petipa. Dans une salle de danse, un couple d’étoiles et quatre solistes, et du corps de ballet, déroulent les grands pas de la danse classique de la grande époque. Le chorégraphe qui s’inscrit dans la tradition classique , utilisant la grammaire classique, mais pour mieux l’outrepasser. Sa danse demande beaucoup de technicité, de virtuosité et de dynamisme.
TCHAÏKOWSKI PAS DE DEUX
C’est en retrouvant, dans les archives du Bolchoï, des morceaux de musique prévus pour Le Lac des Cygnes, mais non utilisés par Petipa, que Balanchine imagina un Pas de Deux pour deux de ses solistes. Cette œuvre demande aux interprètes une virtuosité technique incroyable et redoutable pour les danseurs. Ballet toujours sans argument, il illustre les propos du chorégraphe : « …: la danse ne devrait rien illustrer. La seule chose importante est le mouvement lui-même. Le ballet peut éventuellement raconter quelque chose, mais c’est l’élément visuel qui est essentiel… Il faut voir la musique et entendre les danseurs »
WHO CARE’S
Si les deux œuvres précédentes étaient un vibrant hommage à son pays natal et à sa musique, Who Care’s est quant à elle un hommage à cette nation américaine qui l’a accueilli, à sa musique, celle de George Gershwin, mais aussi aux comédies musicales jazzy de Broadway. Le plus russe des chorégraphes américains, à moins que ce ne soit le plus américains des chorégraphes russes ( ?), brodent sur les dix-sept chansons, orchestrées par Hershy Kay, un ballet, toujours sans argument, pétillant et plein de rythme qui n’est pas sans rappeler les Fred Astaire, Ginger Rogers ou Gene Kelly.
Pour ces spectacles de fête le Capitole retrouve son quatuor d’étoiles au grand complet, puisqu’aux côtés de Natalia de Froberville, Marlen Fuerte Castro et Ramiro Gómez Samon, fera ses premiers pas sur la scène du Capitole Jacopo Bellussi, le dernier nommé. Comme son nom l’indique cette Magie Balanchine fera honneur à l’ambiance de fête de ces derniers jours de décembre. L’Orchestre National du Capitole sera placé sous la baguette de Fayçal Karaoui, grand habitué de la direction de musique de ballet.
Le spectacle aura lieu au Théâtre du Capitole les 20, 21, 27 et 31 décembre à 20h, les 22 et 29 décembre à 15h, le 26 décembre à 19h et le 28 décembre à16h.
Réservation et billetterie: sur internet : opera.toulouse.f – par téléphone : 05 61 63 13 13
Annie RODRIGUEZ