Le 17 décembre dernier, le Temple du Salin, plein à craquer, accueillait, pour un concert gratuit, le Chœur toulousain Nota Bene, placé sous la direction de Delphine Armand, la mezzo-soprano Juliette Mey et le pianiste Christophe Larrieu. Une soirée découverte fertile en beautés musicales et vocales.
Rappelons que Nota Bene est un ensemble vocal toulousain réunissant des chanteurs confirmés et passionnés. Il a démarré en 2007 comme un chœur de chambre à voix mixtes, grâce à la rencontre de chanteurs issus de groupes vocaux réputés de la région toulousaine et de Delphine Armand, actuellement professeure au CRR de Toulouse.
Participent également à ce concert le Chœur d’enfants du Conservatoire, toujours dirigé par Delphine Armand, décidemment experte en la matière, ainsi que le pianiste Christophe Larrieu, assistant-chef d’orchestre au Théâtre du Capitole depuis 1997. La jeune mezzo-soprano Juliette Mey tient le rôle essentiel de soliste de luxe qu’il fallait absolument découvrir.
La première partie de la soirée est consacrée au Psaume 42, op. 42 (MWV A 15) de Felix Mendelssohn, une pièce écrite pour chœur mixte, voix soliste et orchestre. Elle fut composée à l’occasion du voyage de noce du compositeur, en cadeau à sa nouvelle femme, fille de pasteur. Schumann voyait, dans ce Psaume 42, le chef-d’œuvre de la musique religieuse de Mendelssohn et plus largement de la musique religieuse de son temps.
Les nombreux passages choraux de la partition mettent en évidence les qualités de cohésion, de justesse, de ferveur du Chœur Nota Bene mené avec dynamisme et précision par Delphine Armand, attentive aux détails comme à l’équilibre global. Et puis on découvre les talents impressionnants de la soliste, la jeune mezzo-soprano Juliette Mey. Un timbre lumineux et chaleureux, une vocalisation parfaite, un sens évident du beau phrasé confèrent à l’aria et aux récitatifs du motet un rayonnement chatoyant. La fusion de la voix soliste avec celle du chœur distille un charme absolu.
La deuxième partie du concert permet de découvrir plus avant les grandes qualités vocales et expressives de Juliette Mey dans un mini-récital de chant, subtilement accompagné par le piano efficace de Christophe Larrieu, particulièrement habile dans cet exercice. Deux lieder de Johannes Brahms donnent la mesure du soin apporté par l’interprète à la diction et aux couleurs vocales : « Der Tod, das ist die kühle Nacht » et « Immer leiser wird mein Schlummer » distillent le ton si brahmsien de la confidence.
La jeune cantatrice aborde ensuite le monde très différent de la virtuosité vocale et du bel canto romantique avec un extrait de l’opéra flamboyant de Gioacchino Rossini, La donna del lago. Le feu d’artifice des vocalises staccato se mêle habilement au legato du phrasé. Une véritable performance ! Le sens dramatique et l’éclat vocal de l’interprète animent également les interprétations des trop rares ouvrages français que sont Cendrillon, de Jules Massenet et L’Étoile, d’Emmanuel Chabrier. En quelques minutes, Juliette Mey démontre ce soir-là l’étendue impressionnante de ses talents vocaux.
On la retrouve dans la troisième partie de soirée où elle se glisse modestement mais efficacement au sein du Chœur d’enfants du Conservatoire. Cet ensemble de tout jeunes chanteurs, vifs et animés, se lance dans une série de chants de Noël originaux. Au traditionnel Noël est arrivé, succèdent deux harmonisations d’un Noël anglais et d’un Noël provençal signées Jean Bouvard, le grand-père du célèbre organiste toulousain Michel Bouvard. Un Noël de Bourgogne fait intervenir des membres du chœur qui assument avec audace et intrépidité les passages solistes. Dans le Noël nouvelet, harmonisé par Mark Opstad, directeur de la magnifique Maîtrise du Conservatoire, qui conclut la séquence et le concert, Delphine Armand demande et obtient la contribution des voix, d’abord timides puis plus affirmées, du public.
Une soirée découverte riche de musique et de chant !
Serge Chauzy