Concerts

Vivaldi, la fête du concerto

Chaque saison, l’Orchestre de Chambre de Toulouse offre à ses abonnés et aux autres, à tous ceux qui n’ont pas encore franchi le pas, une soirée gratuite consacrée à un thème musical donné. Ce 31 mai dernier, le concert exceptionnel était consacré à Antonio Vivaldi, qualifié à juste titre de « Prince du concerto ».

La grande salle du TNT, pleine à craquer d’un public particulièrement attentif et motivé, accueillait ainsi un programme de concertos du prêtre roux de Venise dont en outre le comédien Olivier Baert lisait quelques lettres, autant d’éléments révélateurs de la nature particulière de l’homme-compositeur.

Etrange personnage que cet inventeur de nouvelles formes musicales nourries de lumière, de grâce et de vitalité ! Son tempérament colérique, avare, querelleur, apparaît de manière surprenante dans ses courriers destinés aux princes ou aux concurrents, en contraste avec le bonheur qui émane de sa musique.

Jean-Christophe Maillard, musette de cour, et l’Orchestre de Chambre de Toulouse,

dirigé depuis son violon par Gilles Colliard lors du concert
du 31 mai 2010

(Photo Classictoulouse)

Gilles Colliard a choisi de jouer la diversité en puisant dans un réservoir de quelques six cents concertos écrits pour les instruments les plus variés. Première surprise, la partie soliste du célèbre concerto pour flûte et cordes « La Notte » (la nuit) est confiée à Samuel Crowther, le… claveciniste attitré de l’orchestre. En effet, ce musicien inventif pratique aussi bien la flûte traversière que le clavier et même la direction d’orchestre. Poésie nocturne et fluidité virtuose imprègnent toute son interprétation.

Autre curiosité, le concerto pour viole d’amour et cordes en ré mineur échoit à Gilles Colliard lui-même qui avoue jouer cet instrument étrange pour la première fois en concert. Les vibrations des cordes sympathiques lui confèrent un timbre d’une étonnante richesse harmonique. Invention, finesse parcourent les trois mouvements que le soliste défriche non sans quelques petites approximations bien compréhensibles pour cette grande première.

Anne Gaurier, violoncelle solo de l’orchestre, délivre avec son aisance habituelle le concerto en si mineur composé par Vivaldi pour son instrument. Un lyrisme discret, une grâce légère caractérisent l’interprétation de cette belle artiste, fort justement ovationnée.

Une virtuosité étonnante, une sonorité savoureuse émanent du jeu nuancé et plein d’esprit de Laurent Le Chenadec, basson solo dans le concerto en mi bémol majeur auquel les cordes tissent un commentaire d’aimable dialogue.

Champion incontesté de la musette de cour, Jean-Christophe Maillard pratique son instrument rarissime avec une dextérité et une science admirables. « Les plaisirs de l’été », extrait des « Saisons amusantes », qui instaure un dialogue entre cet instrument aérien et les cordes, résulte d’une transcription par un certain Nicolas Chédeville (1705-1782) d’une pièce de Vivaldi. Pastorale expressive et pleine de charme qui conclut le programme officiel de la soirée.

Néanmoins, Gilles Colliard reprend sa viole d’amour pour offrir en bis une très poétique aria du grand compositeur vénitien. Pour une fin de soirée apaisée.

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