Le 16 décembre dernier en l’Église Saint-Jérôme de Toulouse, les musiciens de l’ensemble Le Concert de l’Hostel Dieu et la soprano Heather Newhouse étaient les invités des Arts Renaissants. Un programme original et vivifiant intitulé « Noël napolitain » a donné le sourire aux spectateurs venus en nombre découvrir des musiques de caractères très divers.
Les musiciens du Concert de l’Hostel Dieu sont dirigés par Franck-Emmanuel Comte, qui joue également le clavecin. Depuis sa création en 1992, Le Concert de l’Hostel Dieu est un acteur majeur de la scène baroque française. Fondé par Franck-Emmanuel Comte, il défend tout particulièrement l’originalité de manuscrits baroques et populaires, d’œuvres inédites, riches de liens entre musique savante et répertoire traditionnel.
Florian Verhaegen et André Costa, violons, Aurélie Métivier, alto, Aude Walker-Viry, violoncelle, Albane Imbs, théorbe et guitare baroque, Nicola Janot, contrebasse, entourent le clavecin de Franck-Emmanuel Comte. Le mandoliniste Vincent Beer-Demander se joint à eux en fonction des œuvres jouées.

C’est d’ailleurs sur une œuvre de Vincent Beer-Demander, intitulée opportunément Overtura di natale, que s’ouvre ce concert particulièrement effervescent et animé. La soprano canadienne Haether Newhouse se joint à l’ensemble instrumental pour l’exécution de la grande cantate d’Alessandro Scarlatti (1660-1725) Oh di Betlemme altera povertà venturosa ! Lauréate du Concours international de chant baroque de Froville et membre du Studio de l’Opéra de Lyon, la cantatrice collabore étroitement avec Le Concert de l’Hostel Dieu. Elle aborde les récitatifs et arias qui composent cette cantate d’une voix parfaitement projetée. Son timbre riche et clair confère une vie frémissante à cette œuvre et aux autres extraits vocaux qui balisent ce programme. Deux extraits de la cantate La Veglia d’un compositeur peu connu, contemporain d’Alessandro Scarlatti, Cristofaro Caresana (1640-1709) sont joués et chantés. La soliste anime en particulier avec ferveur l’aria Non é vero.

Entre deux pièces vocales, Vincent Beer-Demander est le soliste d’un extrait de la Sonate K. 89 pour mandoline et continuo de Domenico Scarlatti (1685-1757), le fils d’Alessandro. La virtuosité et la musicalité de l’interprète confèrent à l’œuvre une belle vitalité.
Une série de partitions anonymes, dont certaines sont arrangées par Franck-Emmanuel Comte, balisent ce parcours en liberté. Deux noëls populaires contrastés, Bambino divino, chanté depuis le fond de l’église, et La santa allegrezza, donnent à la cantatrice l’occasion de démontrer la variété de son pouvoir expressif !

Un enchaînement judicieux évoque le calme de pièces dont certaines résonnent comme des berceuses. On découvre ainsi un compositeur rare, Pietro Andrea Ziani (1616-1684), et sa touchante aria, Dormite o pupille.
L’épisode final de cette soirée aborde le traditionnel recours à la tarentelle, cette danse liée à la ville de Tarente et dont on dit qu’elle est censée guérir les morsures de la tarentule… Ce feu d’artifice de rythme et de mélodies bénéficie de la virtuosité et de l’adaptabilité de chaque musicien de l’ensemble.
L’accueil enthousiaste du public obtient un prolongement de cet épisode consacré à la tarentelle avec cette fois un chant sur des paroles en dialecte napolitain. Nouvelle ovation…
Serge Chauzy
