Concerts

Mozart tout simplement

Quoi de plus évident pour un orchestre « Mozart » que de jouer Mozart ? C’est à cette tâche que cette belle phalange, créée en mars 2011 avec le soutien de l’association AIDA, a décidé de se consacrer pour son concert du 25 novembre dernier. Devant le public de l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines, charmé par la démarche, l’Orchestre Mozart-Toulouse Midi-Pyrénées (évitons le sigle OMTMP…) proposait donc un programme de véritables « tubes mozartiens ».

L’Orchestre Mozart – Toulouse – Midi-Pyrénées dirigé par Claude Roubichou

à l’issue du concert – Photo Classictoulouse –

L’Orchestre Mozart Toulouse Midi-Pyrénées, phalange « à géométrie variable », comprend ce soir-là une vingtaine d’instruments à cordes auxquels s’adjoignent, pour deux des trois œuvres présentées, deux hautbois et deux cors. Son directeur fondateur, Claude Roubichou, endosse ce soir-là un triple uniforme : celui de chef d’orchestre, de flûtiste soliste (il fait partie du pupitre de flûte de l’Orchestre national du Capitole) et de présentateur pédagogue. Avec passion et humour, il introduit chacune des trois partitions jouées, avec exemples sonores à l’appui précédant chaque exécution. Explications limpides qui permettent à l’auditeur de pénétrer au cœur de l’œuvre, d’en dévoiler la structure, de détecter et de suivre des pistes d’écoute.

L’une des plus célèbres partitions de l’enfant de Salzbourg ouvre le concert. Paradoxalement, on ne connait que peu de choses des circonstances de la composition de « Eine kleine Nachtmusik », autrement dit « Un petite musique de nuit », titre probablement apocryphe. Cette ultime sérénade enchaîne les moments de grâce simple et de finesse. L’ensemble à cordes réuni ici amplifie quelque peu, comme cela est devenu d’usage, la formation initiale de quintette. L’élégance légère, le sourire en musique parcourent les quatre volets de cette partition faite pour le plaisir, et pourquoi pas pour la danse.

Delphine Benhamou, harpe, et Claude Roubichou, flûte, solistes du concerto de Mozart

– Photo Classictoulouse –

Avec le concerto pour flûte et harpe, autre « must » mozartien, Claude Roubichou assure à la fois la direction et la partie de flûte solo. Il est rejoint par l’excellente harpiste Delphine Benhamou, qu’il qualifie lui-même de « princesse », évoquant peut-être ainsi Mademoiselle de Guisne, la jeune fille de la noblesse parisienne pour laquelle Mozart a composé cette partition. Le duo de solistes fonctionne parfaitement, amoureusement soutenu par l’orchestre au complet, avec ses quatre vents. Un duo plein d’un hédonisme souriant. L’Andantino, en particulier, distille un charme irrésistible qui entraîne les musiciens à le rejouer. Pour le plaisir de tous.

La symphonie n° 29, en la majeur, partition de jeunesse (mais quelle œuvre de Mozart pourrait ne pas être de jeunesse ?) qui occupe la seconde partie de la soirée, rompt avec le style galant des musiques de cette époque. Le « Sturm und Drang » qui balaie tout un pan de la production musicale de cette période (Haydn compris) s’y manifeste avec toute la finesse mozartienne. Précision et vigueur caractérisent l’exécution de ces quatre mouvements, admirablement nuancés et débarrassés de toute affectation. Du vrai Mozart quoi !

Un bis inattendu complète la soirée. Magnifiquement joué en soliste par Alejandro Serna, du pupitre des premiers violons, Oblivion, tango emblématique d’Astor Piazzolla, apporte une note exotique et pourtant si proche et si sensible.

L’orchestre a maintenant indéniablement pris ses marques et possède sa personnalité propre. Souhaitons-lui la longue carrière que méritent ses musiciens motivés.

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