Après leur premier concert « hors les murs » de la saison, les musiciens des Clefs de Saint-Pierre ont retrouvé ce lundi 13 octobre leur port d’attache, l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines. A cette occasion, les quatre musiciens, en formation de quatuor à cordes, explorent un répertoire rare et original.
Ce 13 octobre, quatre membres des pupitres de cordes de l’Orchestre national du Capitole sont donc réunis pour ce nouveau programme. Il s’agit de Coline Berland et Romance Leroy, violons, Sandrine Martin, alto et Thomas Dazan, violoncelle.
La première partie du concert s’ouvre sur une partition emblématique du répertoire abordé ici, l’opus 77 n° 2 en fa majeur de Joseph Haydn, l’un des 68 quatuors à cordes laissés à la postérité par celui que l’histoire de la musique considère comme le père du quatuor, mais aussi celui de la symphonie (avec plus de 104 opus !). Cette œuvre doit (en principe…) être suivie par une création de la jeune compositrice américaine Caroline Shaw, née en 1982. Entr’acte (c’est le titre de la pièce) s’inspire précisément de l’un des mouvements du quatuor de Haydn, précisément le Trio de son Menuetto. A la surprise générale, les interprètes choisissent (sans l’annoncer vraiment…) d’intégrer la pièce Entr’acte au sein du Menuetto en question ! Saluons l’initiative qui mêle avec malice les styles et les jeux.

Ainsi, à la suite de l’Allegro moderato initial, qui résonne comme un joyeux dialogue, le Menuetto se transforme soudain en un déploiement de sonorités étranges, inquiétantes : atonalisme, frappe des archets sur le bois des instruments, autant de pratiques très 21ème siècle ! Avec l’apaisement de l’Andante puis la fougue du Vivace final, le classicisme triomphant reprend ses droits. Quel bel exemple d’imagination musicale de la part de quatre interprètes dont il faut saluer l’impeccable cohésion et les qualités sonores et musicales de chacune et chacun !
Signalons en outre que l’œuvre Entr’acte de Caroline Shaw, dans sa version symphonique, est inscrite au programme du concert qui sera donné le 4 décembre par l’Orchestre national du Capitole sous la direction de Ryan Bancroft.
La seconde partie du concert investit le répertoire britannique du XXème siècle avec deux œuvres de Gustav Holst et de Ralph Vaughan Williams, deux amis qui s’intéressent au folklore de leur pays. La Phantasy on British Folksongs Op.36 de l’auteur de la célèbre fresque Les Planètes, date de 1916. Holst compose cette pièce sur la base de quatre chants folkloriques britanniques dont les interprètes soulignent à la fois la nostalgie et la fantaisie.
Dans son Quatuor n° 1 en sol mineur, Ralph Vaughan Williams semble prolonger une grande tradition de musique de chambre avec un langage proche du classicisme. Après le lyrisme rêveur de l’Allegro moderato initial soutenu par les interprètes, le Menuet et trio prend l’allure d’une danse. La Romance égrène son chant paisible avant un Finale – Rondo Capriccioso pris dans un tempo animé et joyeux. Une fugue vient d’ailleurs affirmer encore le classicisme formel de la partition.

Remarquons que ces deux compositeurs britanniques, pourtant rares au concert, sont également inscrits au programme de la saison de l’Orchestre national du Capitole. Le 30 octobre, Tarmo Peltokoski dirigera la Symphonie n° 7, « Antartica » de Ralph Vaughan Williams. Les 5 et 6 novembre, il met à son programme la célèbre partition « Les Planètes », de Gustav Holst. Une belle continuité entre les Clefs de Saint-Pierre et sa grande formation d’origine…
Le beau succès obtenu par les musiciens les amène à offrir un bis joyeux au titre étonnant : Polka suédoise ! Il s’agit de nouveau d’un arrangement de chant folklorique.
Serge Chauzy
Programme
Joseph Haydn (1732-1809) : Quatuor opus 77 n°2 en fa majeur
Caroline Shaw (née en 1982) : Entr’acte
Gustav Holst (1874-1934) : Phantasy Quartet on British Folksongs op. 36
Ralph Vaughan Williams (1872-1958) : Quatuor n°1 en sol mineur