Aujourd’hui au nombre de trois (29/30 et 31 décembre 2023), le concert dit du Nouvel An toulousain a été obligé, au vu de la demande, de se démultiplier. En ce 31 décembre 2023, la Halle aux grains n’a plus un siège de libre ! Le programme de salle donne la parole à Hervé Niquet, le maître d’œuvre de cette soirée. Ses propos sont frappés au coin du bon sens. Extraits choisis : Je me demande si les concerts du Nouvel An ne font pas plus pour la musique classique que tous les programmes pédagogiques tous azimuts demandés aux musiciens pour amener le public à rentrer dans les salles de concert [ ] Tout le monde a envie d’entendre de la musique légère avant d’aller réveillonner, de passer une bonne heure avec des « tubes » joués par un orchestre symphonique virtuose. Nulle chausse-trappe dans ces soirées où l’on ne vous imposera pas avant d’entendre votre symphonie préférée, une ouverture bruyante, une création contemporaine urticante et un concerto pour piano de Robert Mozart (dans le texte !).
Combien ce musicien d’exception a raison ! Organiste, pianiste, compositeur, chef de chœur et chef d’orchestre, spécialiste du répertoire français, du baroque à Debussy, il est une véritable référence ayant par ailleurs participé à la création en 2009 du Palazzetto Bru Zane, Centre de musique romantique française à Venise.
Show man accompli, Hervé Niquet aime pousser la chansonnette et il va nous le prouver ce soir encore, mais aussi se mettre en scène dans les opéras qu’il dirige, en mars 2022 et sur la scène du Capitole, les dernières reprises de Platée de Jean-Philippe Rameau en avaient été encore une fois une hilarante démonstration.
Le menu du réveillon de la Saint Sylvestre 2023 à la Halle aux grains croisait musiques de ballets, d’opérettes, des marches, de la comédie musicale française, du music-hall hexagonal et américain et des polkas viennoises. Avaient donc été convoqués aux fourneaux : Léo Delibes, Emmanuel Chabrier, Jacques Offenbach, Charles Gounod, André Messager, Johann Strauss Fils et Père, Franz Lehár, Roger Roger, Henri Betti, Edith Piaf, Ralph Benatzky, Alfred Newman pour la célébrissime signature musicale de la 20th Century Fox qu’aucun cinéphile sur notre planète ne peut ignorer depuis 1933, Gustav Holst, Leroy Anderson (dont le célèbre concerto pour machine à écrire immortalisé par Jerry Lewis, ici joué par Thibault Buchaillet, percussionniste à l’ONCT), George Gershwin et John Philip Sousa pour le célébrissime Stars and Stripes Forever. De quoi satisfaire les plus gourmands !
La soprano franco-américaine Emilie Rose Bry prêtait à cette soirée un physique pour le moins hollywoodien ainsi qu’une belle voix dotée d’aigus lumineux.
C’est un véritable feu d’artifice musical qui va remplir la Halle aux grains, l’Orchestre est rutilant de sonorités fougueuses et ensorcelantes. Le public applaudit à tout rompre. Mais il faut se quitter, 2024 pointe déjà le bout de son nez. Espérons-la plus joyeuse que 2023… C’est tout le mal que Classictoulouse vous souhaite. Et encore une fois merci aux forces musicales toulousaines pour le réconfort permanent qu’elles nous apportent tout au long de magnifiques saisons.
Robert Pénavayre
Crédit photo : Romain Alcaraz