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La Damnation de Faust

L’un des chefs-d’œuvre de Berlioz, de toute la musique romantique, cette « légende dramatique » composée sur le mythe goethéen de Faust, est au programme du concert du 8 février prochain. Pour ce retour d’un ouvrage lyrique hors norme, Tugan Sokhiev, dirigeant l’Orchestre National du Capitole, s’entoure d’une distribution internationale de haut niveau et reçoit la participation du magnifique chœur du pays basque espagnol, l’Orfeón Donostiarra (chef de chœur José Antonio Sainz Alfaro) et du chœur d’enfant La Lauzeta (chef de chœur François Terrieux).
Pour interpréter La Damnation de Faust d’Hector Berlioz, partition imposante de richesse musicale et de force dramatique, Tugan Sokhiev retrouve, dans le rôle de Marguerite, la talentueuse mezzo-soprano russe Olga Borodina, qui avait fait ses débuts aux côtés de l’Orchestre du Capitole en décembre 2011, dans les Chants et danses de la mort de Moussorgski. Elle sera entourée du jeune ténor américain en pleine ascension Bryan Hymel (Faust) et des basses Alastair Miles (Méphistophélès) et René Schirrer (Brander).

La mezzo-soprano russe Olga Borodina, lors de son précédent concert avec

l’Orchestre National du Capitole
– Photo Patrice Nin –

Fasciné par le Faust de Goethe qu’il vient de découvrir dans la traduction de Gérard de Nerval, le jeune Hector Berlioz écrit dans l’urgence les Huit scènes de Faust en 1829. Peu d’exemplaires furent vendus, et quelques années plus tard, Berlioz en fit détruire les planches. Ce n’est qu’en 1846 lors d’un voyage en Hongrie, alors qu’il a déjà composé la Symphonie fantastique (1830), Roméo et Juliette (1839) et les Nuits d’été (1841), que Berlioz est repris par la fièvre créatrice suscitée par l’œuvre de Goethe. Sa partition de jeunesse inaboutie servira de fondation et de ferment à La Damnation de Faust. Si la création (le 6 décembre 1846 à l’Opéra Comique) fut un demi-échec, la critique fut favorable et l’œuvre rapidement jouée dans l’Europe entière.

« Il s’agit non pas d’un drame, mais d’un rêve, le rêve d’un poète, d’un penseur, d’un grand artiste qui a vu Marguerite et Faust comme Hamlet a vu le fantôme, avec l’œil de son esprit. » Cette phrase de Jules Janin, écrivain et critique français, illustre bien l’originalité de La Damnation de Faust qui n’est ni un opéra, ni un oratorio, mais une succession de tableaux autonomes. Cette partition étonnante s’est appelée successivement « opéra de concert » lors de la première, puis « opéra-légende », et enfin « légende dramatique ». Son auteur n’a préconisé aucune sorte de mise en scène pour sa représentation et ce n’est que près d’un demi-siècle après sa création qu’elle a connu sa première réalisation scénique en 1893, à Monte-Carlo (au grand dam de Debussy, scandalisé !). La musique, par sa seule force persuasive et évocatrice suffit à soutenir un intérêt sans faille. La Damnation de Faust possède la vivacité, la rapidité d’allure, l’humour sardonique et les contrastes d’humeur qui imposent une œuvre dramatique de grande envergure. Signalons que ce concert du 8 février sera diffusé en direct sur Radio Classique.

En outre, le même programme, avec les mêmes interprètes, sera présenté le 11 février à la salle Pleyel à Paris. A partir du 12 et jusqu’au 26 février, l’orchestre et Tugan Sokhiev effectuent une grande tournée européenne qui les conduira de Varsovie à Munich, en passant par Vilnius, Riga, Tallin et Vienne où trois concerts seront donnés dans la prestigieuse salle du Konzertverein (Grosser Saal). De grands solistes accompagneront cette tournée : la pianiste Elisabeth Leonskaja, le violoniste Sergey Khachatryan (récemment acclamé à la Halle aux Grains) et le saxophoniste Nicolas Prost.

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