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Erik Satie, sa vie son œuvre…

Les trois complices du spectacle. De gauche à droite : Stéphane Escoubet, Stéphane Delincak et Muriel Benazeraf - Photo Classictoulouse -

Dans son nouveau spectacle intitulé Piano en forme de poire, Stéphane Delincak, pianiste et directeur artistique de l’ensemble A bout de souffle, mêle musique et paroles au Théâtre du Pavé. Avec l’autre pianiste Stéphane Escoubet et la metteuse en scène et comédienne Muriel Benazeraf, il révèle les richesses et les spécificités d’un esprit libre et singulier, celui du grand compositeur Erik Satie.

Admirablement mis en scène par Muriel Benazeraf, ce spectacle prend la forme d’un voyage musical et théâtral dans le monde imaginatif et burlesque d’Erik Satie. Un piano, deux musiciens et une comédienne animent cette exploration au sein d’un univers hors norme. Erik Satie est certes le compositeur d’une musique dont on connait la beauté formelle riche et poétique. Néanmoins, il ressent le besoin de la caractériser par une multitude d’aphorismes qui défient les normes habituelles de ce domaine.

Ainsi les titres de ses partitions et leur contenu en matière d’indications d’exécution défient le sérieux habituel de ce monde policé. L’humour le plus original nourrit tous ses commentaires. Le programme de ce spectacle imaginatif en rend compte avec esprit et finesse.

La partie musicale s’ouvre sur la version à quatre mains des Trois Morceaux en forme de poire qui datent de 1903. Suivent des partitions aux titres délirants. Les Véritables préludes flasques (pour un chien), ou encore les Embryons desséchés donnent le ton !

Les commentaires du personnage d’Erik Satie incarné par Muriel Benazeraf en soulignent le caractère burlesque et irrésistible.

De gauche à droite : Stéphane Delincak, Muriel Benazeraf et Stéphane Escoubet – Photo Classictoulouse –

Des extraits des Gymnopédies et des Gnossiennes, les deux cycles d’œuvres les plus répandus sont également joués avec finesse et musicalité par Stéphane Delincak et Stéphane Escoubet, Soulignons en particulier les défis que ces derniers se lancent à eux-mêmes. Ainsi ils se succèdent furtivement devant l’unique clavier sans interrompre le cours d’une même pièce et n’hésitent pas à mêler leur voix dans quelques mélodies comme la célèbre Je te veux ! Piccadilly et La belle excentrique font également partie de ces réminiscences. Le personnage du compositeur incarné par Muriel Benazeraf leur prodigue même quelques conseils d’interprétation du style de ceux qui figurent sur ses partitions, notamment « Enfouissez le son » ou encore « Munissez-vous de clairvoyance », « Seul, pendant un instant », ou « De manière à obtenir un creux » … !

Les trois complices organisent, dans l’esprit de Satie, un concours de reconnaissance de mélodies « enfouies » dans des pièces jouées par les musiciens, comme Ah ! Le petit vin blanc ou encore L’Internationale. Les spectateurs qui reconnaissent ces mélodies gagnent un verre de bière !

Est également évoquée la seule relation intime connue du musicien avec l’artiste peintre Suzanne Valadon. Un triste épisode qui s’achève sur une séparation douloureuse.

Photo Classictoulouse

Ils évoquent enfin les derniers moments de vie du compositeur et les archives laissées dans sa maison d’Arcueil : notamment une pile de costumes identiques, quatorze parapluies également identiques dissimulés sous une épaisse couche de poussière…

La vie et la production musicale de cet esprit libre sont ainsi commentées, jouées avec beaucoup d’esprit, d’humour certes, mais également de poésie.

Acclamés par un public amusé et séduit, les trois artistes ont accompli une belle et imaginative exploration au sein d’un monde hors des normes.

Serge Chauzy

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