La saison 2022-2023 de la Maîtrise de Toulouse s’est achevée le 23 juin dernier au Temple des Salins plein à craquer dans lequel un foule impressionnante et enthousiaste a eu du mal à trouver sa place. C’est dire l’importance de cet ensemble vocal dans le cœur des Toulousains et pas seulement des Toulousains. Avec la grandeur d’un programme musical intitulé « Musique pour un couronnement », la Maîtrise a marqué le terme d’une riche saison tout en organisant le renouvellement de ses jeunes membres.
Rappelons que la Maîtrise de Toulouse, créée en 2006 au sein du Conservatoire de Toulouse par son fondateur anglo-français Mark Opstad, est la première structure maîtrisienne du sud-ouest de la France. La qualité exceptionnelle que cet ensemble vocal a rapidement atteinte lui a permis de recevoir en 2017 le prestigieux 27ème Prix Liliane Bettencourt pour le Chant Choral – édition spéciale maîtrises et chœurs d’enfants. Cet ensemble vocal d’exception dispense aux enfants une formation musicale de haut niveau, tout en leur offrant une expérience de vie intensément humaine. Composée d’une cinquantaine d’enfants et de jeunes, elle constitue un ensemble vocal artistique d’excellence dirigé par un expert en la matière, Mark Opstad.
Lors de chacune de ses apparitions, la Maîtrise manifeste des qualités musicales et vocales exceptionnelles. Grâce à l’implication totale et passionnée de son directeur artistique, ce chœur multiple est capable d’aborder les répertoires les plus divers avec une justesse, une précision, une cohésion et tout simplement une musicalité dignes des plus grands ensembles internationaux équivalents. Comme on a pu le constater une fois encore lors de ce concert du 23 juin, la fraîcheur de ces voix juvéniles confère aux pièces interprétées un charme inestimable. La fusion des différents registres respecte en outre l’équilibre et la spécificité de chaque groupe. La dynamique de leur chant s’accompagne d’un sens poussé de l’expression musicale.
Le thème de ce programme, « Musique pour un Couronnement », se traduit par une succession de courtes pièces, accompagnées par l’orgue de Jean Daldosso aux beaux coloris joué par le Britannique et habile musicien William Fielding. L’essentiel des partitions abordées sont signées de grands compositeurs britanniques des dix-neuvième et vingtième siècles. Avec le psaume « I was glad » de Hubert Parry (1848-1918), la soirée s’ouvre sur une sorte de ferveur solennelle que la Maîtrise fait sienne. Plus contemplatif, le motet « O taste and see », composé par Ralph Vaughan Williams (1872-1958) pour le sacre de la Reine Elisabeth II, fait appel à la sensibilité des chanteurs. La pompe royale du « Coronation Gloria » de Charles Villiers Stanford (1852-1924), destinée au couronnement de George V, précède la douceur d’un autre style et d’une autre époque de « I will not leave you comfortless » de William Byrd (1540-1623). Parfaitement haendélien, l’hymne de couronnement (Coronation Anthem) composé par Georg Friedrich Haendel (1685-1759), à partir d’un récit de l’Ancien Testament « Zadok the Priest », revêt ici un éclat tout particulier, proche de celui du célèbre « Hallelujah » du Messie !
William Fielding joue ensuite une belle transcription pour orgue seul du portrait intitulé « Nimrod », extrait des célèbres Variations Enigma de Sir Edward Elgar. Un beau moment d’extase maîtrisée.
La dernière séquence réunit la sérénité de « Thou wilt keep him in perfect peace » de Samuel Sebastian Wesley (1810-1876), la tendresse de « Behold, O God our defender » de Herbert Howells (1892-1983) et le recueillement de « Let my prayer come up » de William Harris (1883-1973).
Ce programme so british s’achève sur l’éclatant Coronation Te Deum de William Walton (1902-1983). L’impressionnante richesse harmonique, la belle complexité d’écriture de cette partition ne désarçonnent en rien la précision, la justesse, l’enthousiasme de ces jeunes chanteurs parfaitement à l’aise !
La passation des pouvoirs
Pour conclure cette soirée emblématique, Mark Opstad remercie d’abord les institutions et les personnalités qui soutiennent l’ensemble des actions menées par la Maîtrise de Toulouse. Il présente ensuite le groupe des chanteurs qui viennent d’achever leur cursus au sein de l’ensemble vocal. Un ensemble qu’il quittent donc avec, très certainement, un pincement au cœur. Les jeunes qui leur ont succédé viennent à leur tour leur rendre un hommage fleuri.
Cette émouvante manifestation est suivie d’un bis presque traditionnel. Le beau Cantique de Jean Racine, composé en 1865 par Gabriel Fauré alors âgé de 19 ans. Le texte de Jean Racine est en fait une paraphrase de l’hymne « Consors paterni luminis » datant du Moyen Âge. Une belle conclusion pour cette soirée largement acclamée par un public nombreux et conquis. Comment ne pas l’être ?
Serge Chauzy