L’espace d’un week-end, les 7 et 8 juin derniers, le grand Johann Sebastian Bach a mobilisé les Toulousains. La ville rose a vibré au son des partitions les plus diverses de celui que certains considèrent comme le père fondateur de la musique occidentale.
L’Ensemble Baroque de Toulouse lors de l’exécution de la cantate BWV 20
Cette idée qui consistait à proposer à toute une ville une immersion totale dans l’œuvre d’un compositeur, fût-il Bach le grand, était a priori très risquée. Il fallait pour mener à bien une telle entreprise l’imagination, la passion, l’enthousiasme d’un musicien comme Michel Brun et celui d’une solide équipe entourant l’Ensemble Baroque de Toulouse, notamment Catherine Pouligny, coordinatrice de l’événement. Le public toulousain allait-il répondre à cet appel généreux, allait-il se rendre dans les églises, les musées, les cloîtres, les palais, mais aussi dans les bars, ou encore en plein air, dans la rue, pour assister à près de cinquante concerts étalés sur plus de vingt-quatre heures ?
Réjouissons-nous, amoureux de musique, le succès a dépassé toutes les espérances ! Même lorsque quatre concerts simultanés étaient proposés, l’assistance emplissait les lieux, débordait des sièges disponibles, et, tout aussi réjouissant, débordait d’enthousiasme. Jeunes et moins jeunes, enfants, famille entières se sont pressés d’un concert à l’autre, établissant un itinéraire personnalisé à travers un joyeux labyrinthe musical…
L’ensemble “Les Sacqueboutiers” après “L’Offrande musicale”
Il n’est bien sûr pas possible de rendre compte ici de l’ensemble des événements qui se sont succédés du samedi 16 heures au dimanche 19 h 30. Parmi les manifestations présentées, saluons l’ouverture de ce « Passe ton Bach d’abord » en fanfare, dans la cour du Capitole, proclamée avec vigueur par l’Ensemble Baroque de Toulouse jouant l’ouverture de la suite en ré. Saluons aussi la succession des interprètes talentueux dans l’exécution des six suites pour violoncelle seul, saluons les différentes interprétations de ces deux chefs-d’œuvres universels que sont l’Offrande Musicale et l’Art de la Fugue avec les interventions raffinées et intenses de Michel Bouvard à l’orgue Ahrend de l’église des Augustins et des Sacqueboutiers.
Les miraculeuses « Variations Goldberg » jouées le samedi au piano par Eric Vidonne ont été, le dimanche, offertes au clavecin par une Yasuko Uyama-Bouvard en état de grâce. Un formidable moment d’émotion pure, un voyage initiatique dans le temps et l’espace.
Remercions Philippe Canguilhem pour son intervention passionnante lumineuse et pédagogique sur « Bach et les nombres » à la librairie “Ombres Blanches” .
Et puis c’est, comme prétexte à la séparation à regret, la traditionnelle répétition suivie de l’exécution de la cantate du mois, la BWV 20, « O Ewigkeit, du Donnerwort » par l’Ensemble Baroque de Toulouse dirigé par Michel Brun. La ferveur des interprètes se communique au public qui participe activement, puisqu’il est invité à chanter le choral final. Une vraie leçon d’être bien ensemble et de communier dans la musique.
A coup sûr, Toulouse gardera longtemps le souvenir de ces moments forts que l’on espère vivement voir revenir. Souhaitons que ce grand projet de musique pour tous ne reste pas sans lendemain.