Concerts

La galaxie Bach

L’Orchestre de Chambre de Toulouse renoue avec le répertoire fondamental de tout musicien, celui de la musique de Bach. En l’occurrence, il s’agit ici de la musique DES Bach ! Cette incroyable dynastie plonge ses racines dans la pratique quotidienne du contrepoint et réalise la transition de la musique baroque vers le classicisme triomphant. Mêlant les partitions du père, Johann Sebastian, à celles de deux de ses fils, les musiciens de l’Orchestre de Chambre brossent, le 5 mars dernier, un véritable tableau de famille.

Gilles Colliard, dans la Partita n° 2 pour violon seul de
Johann Sebastian Bach

(Photo Classictoulouse)

Le voyage au centre de cette géniale galaxie s’ouvre sur une véritable performance de Gilles Colliard qui exécute avec une incroyable intensité l’intégralité de la Partita n° 2 de Bach père. Celle-là même dont la plupart des violonistes se contentent de ne jouer que la célébrissime Chaconne finale. Il est vrai que cette Chaconne dure à elle seule autant que l’ensemble des autres sections et qu’elle constitue le plus long et le plus complexe de tous les mouvements des Sonates et Partitas pour violon seul de Bach. Gilles Colliard, qu’un problème de dos handicape ce soir-là, prend néanmoins tous les risques. Virtuose mais profondément musicien, brillant mais expressif, son jeu sobre et élégamment phrasé n’atténue rien de l’exubérance de l’écriture. Toujours lisible, celle-ci déroule son dialogue mystique avec les étoiles. Comme un moment d’éternité !

Cette impression de musique des sphères se prolonge avec le Ricercare à six voix de « L’Offrande musicale », cette vaste pièce composée par Johann Sebastian sur le thème royal proposé par Frédéric II de Prusse, flûtiste devant l’Eternel. Six musiciens de l’orchestre (deux violons, deux altos, deux violoncelles) mettent en mesure cette partition initialement non instrumentée, avec retenue et finesse.

Deux partitions des fils les plus doués donnent la saveur de cette transition vers le classicisme. Du plus jeune, Johann Christoph Friedrich, la Sinfonia en ré mineur, dans le style italien, stimule la virtuosité et l’esprit des musiciens. Carl Philipp Emanuel, par contre, avec sa Sinfonia en do majeur, établit un lien évident avec la période « Sturm und Drang », précurseur du romantisme, à laquelle contribuera également Joseph Haydn. L’enchaînement de l’Allegro initial avec le dramatique Andante surprend et ravit.

Gilles Colliard et Joseph André, solistes du concerto pour deux violons de Johann Sebastian Bach (Photo Classictoulouse)

Deux concertos pour violon(s) de Johann Sebastian complètent ce beau programme. Gilles Colliard est le soliste du concerto en la mineur. Profond, émouvant, son jeu se déploie admirablement dans le battement de cœur de l’Andante. C’est sur le génial concerto pour deux violons et cordes que se clôt le concert. Du jubilatoire Vivace initial à l’exaltation de l’Allegro final, en passant par la danse magique du Largo, les interprètes en épanouissent le discours. Comme soliste, Gilles Colliard fait appel, à ses côtés, au jeune violoniste Joseph André qui remplace ici Pierre Bleuse empêché. Un beau talent à suivre.

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