Concerts

Brahms et ses secrets

Le 9 novembre dernier, Philippe Cassard était à Toulouse. Invité de l’Espace Croix-Baragnon, le grand pianiste délivrait ses « Notes du traducteur », ce concept original de discussion-concert autour d’un compositeur. Un concept qu’il pratique avec talent sur les ondes de France-Musique, pour le plus grand plaisir des mélomanes curieux.

Philippe Cassard, pianiste et conteur
(Photo Classictoulouse)

Cet art de commenter la musique, d’utiliser la parole comme « medium » entre une œuvre d’art sonore et le public auquel son auteur la destine n’est pas donné à tous. Incontestablement, Philippe Cassard maîtrise ce talent particulier qui sait éviter tout pédantisme, sans pour autant sombrer dans un populisme anecdotique, tout en pariant sur l’intelligence et la sensibilité de son public. Grâce à son impressionnante culture artistique, il possède à merveille le sens de la formule juste, sait évoquer l’image qui frappe, celle qui touche, maniant en outre un humour réjouissant, tout en demi-teinte. Son exploration du monde pianistique de Johannes Brahms est un modèle de finesse et de profondeur.

Sa double prestation du 9 novembre (à 18 h 30, puis à 21 h) se nourrit de la musique pour piano seul du grand compositeur. Il choisit tout d’abord d’investir en tant que « simple » pianiste ce génial corpus de Ballades, Intermezzi, Capriccios, Rhapsodies dans lequel Brahms déploie son romantisme profondément allemand, au meilleur sens du terme. Un inépuisable souffle épique parcourt tous ces recueils. De la désolation initiale de sa juvénile Ballade op. 10 n° 1 jusqu’à son ultime partition pour piano seul, la Rhapsodie op. 119 n° 4, ample et puissante, c’est un portrait mêlant lueurs crépusculaires, agitation fébrile et tendre nostalgie que brosse Philippe Cassard.

La session commentée qui suit ce récital éclaire les profondes motivations du compositeur. Elle jette un pont entre les œuvres interprétées et le terreau culturel dans lequel Brahms puise son langage et le contenu de ses confidences pianistiques. Philippe Cassard dévoile ainsi le lien fort qui réunit le compositeur et le passé musical, parfois archaïsant du monde germanique. Citations musicales, littéraires, picturales enrichissent ainsi l’image parfois réductrice que l’on se fait de ce noble vieillard barbu et éclairent l’écoute de son œuvre généreuse et puissante.

L’expérience doit se poursuivre dès les nouvelles séances de « Notes du traducteur » de Philippe Cassard, le 7 décembre, séances au cours desquelles Philippe Cassard évoquera les derniers chefs-d’œuvre de Chopin. Le 11 janvier, le pianiste s’intéressera à Debussy, le 8 février à Schubert, le 8 mars à Liszt et l’Italie, et enfin le 19 avril à la fantaisie. A suivre donc…

Partager

Rose Naggar-Tremblay illumine les abimes haendéliens
« Je chante Haendel avec une voix wagnérienne qui bouge aussi rapidement qu’un soprano colorature » Rose Naggar-Tremblay
Le feu sous la glace
Le concert du 30 octobre dernier donné par l’Orchestre national du Capitole a enthousiasmé un public nombreux et conquis.
Le Concert de La Loge invité des Grands Interprètes
Le 8 novembre prochain, dans le cadre de la saison des Grands Interprètes, Le Concert de La Loge, dirigé par le violoniste Julien Chauvin, s’associe avec l’ensemble vocal La Sportelle et quatre grands chanteurs solistes pour célébrer Mozart.
Juliette Mey, une grande voix toulousaine à la Salle Gaveau de Paris
La mezzo-soprano Juliette Mey donne, le 07 novembre 2025 à la salle Gaveau de Paris, un récital de mélodies et d’airs d’opéra.
Grands concerts symphoniques autour des Planètes
Les 5 et 6 novembre prochains, l’Orchestre national du Capitole sera dirigé par le chef américain Ryan Bancroft et le soliste sera le jeune pianiste russe Roman Borisov.
Grands Interprètes reçoit le Tokyo Philharmonic Orchestra, Myung-Whun Chung et Maxim Vengerov
Le lundi 3 novembre, la saison des Grands Interprètes s’ouvre avec de prestigieux interprètes.