Livres

Sur les cimes de l’horreur

Bernard Minier - Photo: Bruno Lévy

Voici, sous la plume de son créateur, Bernard Minier, le retour très attendu du commandant toulousain Martin Servaz, celui-là même qui depuis plus de dix ans et sa première enquête (Glacé en 2011) s’amuse à hanter nos nuits lors d’affaires à fort potentiel d’angoisse. Et encore nous n’avions pas tout vu. Loin s’en faut car avec ce nouvel opus, Martin Servaz va franchir les limites du supportable. A sa défense, il faut reconnaître qu’enquêter au cœur du cinéma d’horreur …

Les premières pages de ce livre mettent face à face un prêtre et un mourant. Ce dernier, ancien décorateur dans le cinéma, implore le prêtre de porter un document en mains propres à un dénommé Kenneth Zorn, ancien producteur de cinéma. Avant de rendre l’âme il lui murmure à l’oreille : « L’enfer, mon père… j’ai été un de ses démons ». L’homme d’église ne savait pas vers quel gouffre il allait se pencher… Servaz est appelé plus directement dans un hôpital psychiatrique car on vient d’y découvrir l’un des patients, Stan Du Weltz, qui travaillait dans le cinéma, mort d’une façon pour le moins suspecte. Retour dans les Pyrénées chères à notre auteur et à son héros. Nous faisons assez rapidement connaissance avec Judith, une jeune étudiante dont le rêve va se réaliser, rencontrer un cinéaste légendaire de film d’horreur : Morbus Delacroix. Ce dernier vit retiré avec sa femme dans une magnifique demeure en plein cœur pyrénéen et ne veut plus voir personne. Ses films sont devenus culte. Mais son dernier, Orpheus ou la Spirale du Mal demeure secret.

Tout ces personnages vont bien sûr se croiser dans un maelstrom digne du dernier cercle de l’Enfer de Dante.

Au départ peu enclin à frissonner de peur au cinéma, Bernard Minier s’est tout de même fortement documenté sur le cinéma d’horreur, visionnant au passage près de 200 films, du muet à nos jours. Aussi n’est-il pas étonnant que son dernier opus regroupe les codes du genre : transgressif, instinctif, viscéral, politiquement incorrect et plutôt jusqu’au boutiste, quitte à franchir les ultimes limites.

Avec ce mystère palpitant qui nous condamne, la première page lue, à ne plus lâcher ce livre, même si, minuit passé, votre cœur bat sensiblement plus vite. Mais voilà, le talent, c’est aussi cette force suintant des mots et prenant votre contrôle.

Rien d’étonnant à ce que ce livre soit d’ores et déjà N°1 des ventes.

A bon entendeur !

Robert Pénavayre

« Un œil dans la nuit » Bernard Minier – XO éditions – 506 pages – 22,90€

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