Le présent livre, dont l’auteur a souhaité garder l’anonymat, se présente comme un roman. En liminaire nous pouvons lire ces mots : Ce livre raconte un épisode surprenant de la guerre froide : quand, à l’occasion du championnat du monde d’échecs, le champ de bataille entre l’Est et l’Ouest s’est déplacé à l’intérieur de soixante-quatre cases. A posteriori cette transposition eut le mérite de ne faire qu’une seule victime : Bobby Fischer. Nous lui rendons hommage au nom de tous ceux dont la vie, grâce à lui a été épargnée. Ce livre lui est dédié.
Dans l’avant-propos qui suit, il n’est plus question d’un roman, mais d’un récit écrit par l’un des acteurs d’un complot que même Machiavel n’aurait osé simplement imaginer.
Le héros est bien entendu celui qui est qualifié encore de nos jours comme le plus grand joueur d’échec de tous les temps, l’Américain Bobby Fischer (Chicago 1943, Reykjavik 2008). Nous suivons son ascension fulgurante dans le monde échiquéen, ses succès phénoménaux jusqu’à son titre de champion des USA « adulte » en 1958, alors qu’il n’a que 14 ans ! Ce jour-là Bobby Fischer a franchi une étape décisive vers son objectif, la couronne mondiale. Il l’obtiendra en 1972 contre Boris Spassky mettant ainsi un terme à la domination russe dans ce jeu depuis 1948. Emoi au Kremlin, le jeu d’échec faisant partie intégrante de la culture russe. Que faire pour récupérer ce titre en 1975, date de la prochaine confrontation mondiale ? L’auteur n’y va pas de main morte et cite des noms bien (trop) connus : Andropov, Brejnev, Poutine et leur bras armé : le KGB. Un complot va être mis en place afin de faire craquer Bobby. Je ne vous en dis pas plus, ce ne serait pas charitable d’autant que c’est totalement hallucinant au point de se demander si cela a pu, partiellement ou pas, arriver.
Dans tous les cas, que vous soyez joueur d’échec ou pas (c’est mon cas), attendez-vous à quelques nuits d’insomnie car vous n’arriverez pas à lâcher ce livre. D’autant plus que, subtilement, il nous fait pénétrer un monde pour beaucoup ésotérique, délivrant au passage quelques messages ouvrant la réflexion sur une complexité de pensée et de raisonnement qui laisse abasourdi. A tel point que, sur les dernières pages, j’ai laissé les mots danser devant mes yeux, ayant abandonné toute connexion rationnelle et logique avec ma compréhension, simplement fasciné par les univers que ce jeu laisse entrevoir au néophyte.
Un « roman » hallucinant et passionnant !
Robert Pénavayre
« Le sacrifice du roi » Livie Hoemmel – Plon – 442 pages – 22€