Nous savons bien, une fois devenus adultes, que les contes, en particulier ceux des frères Grimm, sont en creux de véritables films d’horreur. Le dernier opus de Nicolas Beuglet prend appui sur Blanche Neige pour développer un récit qui bien sûr fait froid dans le dos. Et si ce conte n’était en fait qu’un simple travestissement d’une effrayante réalité ?
Dans Transylvania, Nicolas Beuglet nous fait croiser la dernière de ses inspectrices. Après Sarah la Norvégienne et Grace l’Ecossaise, voici Mina la Roumaine. C’est une jeune policière à peine trentenaire. Elle se voit confier une enquête qui peut lui valoir le grade d’inspectrice. Mais pour cela elle doit se rendre au cœur de la Transylvanie, dans le trop célèbre château de Bran qui aurait été le fief du Comte Dracula. Transformé en hôtel et par un froid et rude hiver persistant, ce lieu n’avait qu’un client, très connu certes, mais seul. Or, il vient d’être assassiné…
Pour son huitième roman, Nicolas Beuglet imagine cette enquête et le personnage central de celle-ci, qui n’est pas Mina, pour faire un plaidoyer d’une violence édifiante sur… la lecture. L’auteur mêle toujours à ses fictions une documentation d’une rare dimension. Transylvania ne fait pas défaut à cette habitude. Face au tsunami des écrans, la pratique de la lecture est hautement menacée de disparaitre. Les plus récentes et sérieuses études sur le sujet sont sans appel : non seulement la lecture disparait de nos habitudes mais en plus lorsque nous lisons nous comprenons de moins en moins bien le contenu. Or, les qualités développées grâce à la lecture sont essentielles pour notre civilisation. Ou du moins sa survie. Comment redonner le goût de la lecture ? Le personnage principal de ce roman a une solution pour le moins extrême…

L’histoire ne se termine pas vraiment car, vraisemblablement, l’auteur a envie d’y revenir, de nous faire retrouver Mina dont la vie antérieure contient une zone d’ombre mystérieuse.
Pour l’heure profitons de ce magnifique thriller qui ne manque pas au passage de nous interroger avec discernement sur notre propre comportement face aux dernières technologies numériques.
Robert Pénavayre
« Transylvania » – roman de Nicolas Beuglet – XO Éditions – 352 pages – 21,90€