Le dernier roman de Philippe Besson est de ceux que l’on ne voudrait jamais avoir entre les mains. Il a pour thème l’une des plaies majeures de notre temps : le harcèlement. Et comme dans de nombreux cas, cela se finit mal. Ici la victime est un jeune garçon d’une quinzaine d’années.
Saint Nazaire. Aujourd’hui. Le récit nous parvient par la voix d’un papa. Ce jour va avoir lieu une marche blanche à la mémoire de son fils Hugo. Les préparatifs se font dans cette maison dévastée par le chagrin dans une ambiance ouatée de brume. A la table du petit-déjeuner, une chaise est vide… Tout au long du récit, le père va nous raconter la course à l’abîme de son fils ainé, harcelé dans son collège par une bande d’irresponsables toxiques et dangereux. Cet homme fracturé au plus profond de son âme se souvient… Comment il a refusé de prendre en compte certaines alarmes malgré l’insistance de Juliette, sa femme. Comment le Collège n’a rien voulu voir… Comment Hugo a tenté de se protéger, tout seul. Jusqu’à la bascule finale, seule solution pour le jeune homme ayant atteint les confins de la peur et du désarroi. Certes il y a toujours un jeune frère, Enzo, mais le départ d’Hugo est irremplaçable. Alors que des conflits entre les parents se sont fait jour depuis le début sur l’attitude à tenir, il n’est plus temps d’évaluer les responsabilités. A quoi bon devant l’abysse sans fond qui vient de se creuser. La marche blanche a lieu et nous y participons, le cœur en lambeaux et la gorge nouée.
Je vous laisse découvrir les raisons de ce harcèlement. Si vous ne vivez pas reclus au fond d’une grotte, vous n’en serez pas étonné… car la vie n’est pas un roman.

Philippe Besson nous fait vivre ce séisme au travers du regard d’un papa pour lequel le monde vient de s’effondrer. Pas de fioritures littéraires dans cet opus bouleversant, mais la force de mots simples qui vous amènent irrémédiablement dans leurs pas. En creux, un avertissement sur des signes que parents et éducateurs ne doivent ignorer…
Robert Pénavayre
« Vous parler de mon fils » Philippe Besson – Julliard – 197 pages – 20€