Parus en 2023, les deux tomes du Templier de l’ombre nous présentaient, sous la plume de Mireille Calmel, une jeune châtelaine, cathare, Margaux de Dente. Après bien des malheurs survenus à son fief et à sa famille (l’une de ses filles a été enlevée à sa naissance), nous la retrouvons, ivre de vengeance, dans cette vallée du Razès, à quelques encablures de la Cité de Carcassonne. C’est justement dans cette cité médiévale, aujourd’hui célèbre dans le monde entier, que siège alors le puissant Geoffroy d’Ablis, l’Inquisiteur ayant pour mission d’éradiquer définitivement le catharisme alors que l’Ordre des Templiers a été dissous. Sous couvert religieux, le but, au travers de cette ultime traque sanglante, est surtout de mettre la main pour Philippe IV le Bel, Roi de France, sur le trésor immense du Temple. Un autre personnage, tout aussi historique, fait ici son apparition : Guillaume de Nogaret, né à Saint Félix de Lauragais en 1260 et mort à Paris cinquante-trois ans plus tard. Lui aussi est un personnage puissant car il est le Garde du Sceau royal. Le deuxième personnage de l’Etat en quelque sorte. Et lui aussi est à la recherche du fameux trésor templier. Or, voici que semble renaître l’hérésie cathare, qu’une meute de loups blancs sévit dans la région et qu’une terrible machination se tisse autour de cette malheureuse Margaux.
Alors que des feux viennent se rallumer au sommet des anciennes tours cathares, les proches de Margaux se mobilisent pour sauver la petite fille de la châtelaine kidnappée à sa naissance par un être redoutable qui ignorait alors que, quelques instants après son rapt, une jumelle allait voir le jour.
Pétri d’informations historiques de grande valeur, écrit avec cet art subtil et reconnaissable entre tous d’une romancière viscéralement attachée à l’esprit médiéval, ce premier tome de L’Or maudit nous entraîne encore une fois, et avec quels délices, vers cette époque violente, presqu’inhumaine que fut le Moyen-Âge français. Le trésor des templiers et l’épopée cathare sont de puissants atouts qui intègrent dans toute la force de leur aura légendaire une licence romanesque inévitable pour donner un passionnant roman dont nous pourrons lire la suite et vraisemblablement la fin dès la rentrée 2024/2025.
Robert Pénavayre
« L’Or maudit », roman de Mireille Calmel – XO Editions – 326 pages – 20.90€