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Henri Loevenbruck brise avec humour les frontières entre fantastique, épouvante et thriller

Henri Loevenbruck - Photo: Claude Gassian

Nous suivons cet écrivain parisien au travers de ses romans, plus de vingt à ce jour, et plus particulièrement ceux qui nous ont conduits dans les pas de Gabriel Joly, journaliste d’investigation durant… la Révolution française (Le Loup des Cordeliers, Le Mystère de la main rouge, L’Assassin de la rue Voltaire). Trois enquêtes passionnantes qui nous font aussi découvrir des personnages bien réels mais peu connus de cette période hautement flamboyante.

Changement de décor pour le nouvel opus de cet auteur. Nous voici sur une petite île anglo-normande, Blackmore (en réalité Aurigny), située entre Jersey et Guernesey. Saut temporel également puisque l‘action se situe dans les années 1920. Changement de personnages aussi. D’un côté la jeune Lorraine Chapelle, fraichement diplômée de l’Institut de criminologie de Paris, élève du célèbre Edmond Locard (1877-1966), fondateur du premier laboratoire de police scientifique au monde. Alors que des disparitions troublantes s’accumulent sur cette ile, Lorraine va croiser le so british Edward Pierce qui se dit lui-même détective de l’étrange. Homosexuel assumé, un brin coincé et finalement peu aventureux malgré tout, il va se confronter, pour finalement faire équipe en un duo d’une jubilatoire saveur, avec cette jeune femme au langage assez hardi ne craignant ni Dieu ni Diable. Leur enquête va les conduire au tréfonds de croyances insulaires autant que séculaires trouvant leurs racines dans la mythologie celtique. De péripéties dantesques en découvertes terrifiantes, ils vont finir par cerner le portrait des disparus. Une maladie des yeux, dite de Wilson, est un point commun. Une piste certes, mais mince comme un fil.  Puis il y a cette mutinerie dans un asile sis sur un îlot au large de Blackmore, en plein cœur d’une tempête. Tous les malades n’ont pas été récupérés, notamment l’instigateur du mouvement. L’ouragan qui sévissait alors a dû entraîner les téméraires désireux de quitter l’île à la nage au fin fond des eaux…

Ecrit dans un style et un vocabulaire qui ne sont pas sans rappeler le meilleur d’auteurs comme Lovecraft, Arthur Conan Doyle, Agatha Christie, voire Jules Verne et Alexandre Dumas, ce qui n’est pas en soi une injure, vous en conviendrez, ce roman conjugue avec une virtuosité époustouflante autant l’humour que le suspense, l’action et l’effroi. Il serait étonnant qu’il ne connaisse pas une suite, d’autant que les ultimes lignes de ce livre ressemblent fortement à une séquence postgénérique cinématographique.

Dans tous les cas, suivre les pas de Lorraine et Edward est un plaisir de tous les instants.

Robert Pénavayre

« Les Disparus de Blackmore » roman d’Henri Loevenbruck – XO éditions – 512 pages – 21 ;90€

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