Festivals

L’été symphonique

La 11ème édition du festival estival toulousain ne déroge pas à ses (bonnes) habitudes. Chaque année un concert symphonique attire à la Halle aux Grains un public à la fois novice et passionné. Ce public, composé de non habitués, de familles avec enfants, mêlant jeunes et moins jeunes, vient retrouver ou découvrir ce fameux Orchestre National du Capitole dont la réputation a depuis longtemps franchi toutes les frontières. Cette soirée du 18 juillet offrait cette année Mozart et Beethoven sous la direction du jeune chef français Alexandre Bloch, avec la participation de la flûtiste Sandrine Tilly, bien connue et aimée des habitués, du fait de son rôle stratégique de flûte solo au sein de la phalange toulousaine.

Les abonnés de la série de concert de l’orchestre découvrent ce soir-là une disposition différente des pupitres sur le podium de la Halle aux Grains. Probablement à la demande du chef invité, les seconds violons échangent leur place avec les altos, dans une géographie instrumentale plus courante auprès des orchestres britanniques. Alexandre Bloch est un jeune chef d’orchestre talentueux qui débute une carrière particulièrement prometteuse tant en France qu’au plan international. Il a récemment remporté le Concours International Donatella Flick à Londres et devient ainsi le nouveau chef d’orchestre assistant du London Symphony Orchestra pour les deux ans à venir. En octobre 2012, il a remplacé au pied levé, et avec succès, Mariss Jansons à la tête du Royal Concertgebouw Orchestra.

Le chef français Alexandre Bloch à la tête de l’Orchestre National du Capitole

– Photo Classictoulouse –

Il débute son premier concert toulousain avec l’ouverture de Le Nozze di Figaro, de Mozart. Une vision pétillante de cette introduction à la « Folle journée » si bien nommée. Le chef parsème cette courte pièce de nuances originales, retardant habilement les crescendos dont elle fourmille.

Sandrine Tilly aborde avec poésie le concerto pour flûte et orchestre en ré majeur. On a du mal à réaliser que le compositeur prétendait ne pas aimer la flûte ! Ce concerto fut d’ailleurs initialement destiné au hautbois. Le changement d’instrument convainc néanmoins parfaitement. La soliste, dont le talent n’est plus à découvrir, illumine l’œuvre de sa belle sonorité. Son jeu se pare d’un sourire chaleureux. La danse anime toute son interprétation soutenue par un souffle inépuisable. Virtuose et musicienne, elle agrémente les trois mouvements du concerto de cadences imaginatives et élaborées dont elle est probablement à l’origine. Le bel accueil que lui réserve le public l’incite à prolonger le concerto par une version « de chambre » du Ballet des Ombres heureuses extrait d’Orphée et Eurydice de Gluck. Quelques cordes de l’orchestre l’accompagnent dans cette belle et nostalgique évocation.

Sandrine Tilly, soliste du concerto
pour flûte en ré majeur de Mozart

– Photo Classictoulouse –

La révolutionnaire Symphonie « Héroïque », de Beethoven occupe la seconde partie de la soirée. Comment ne pas comprendre la surprise des contemporains du compositeur, lorsqu’on réalise encore aujourd’hui la rupture qu’une telle partition opère sur les habitudes musicales de l’époque. L’exécution toulousaine de ce chef d’œuvre ne masque rien des rugosités de la partition. Rôle implacable d’un rythme obsessionnel, ruptures inattendues des développements, halètements convulsifs animent l’Allegro con brio initial. La Marche funèbre déroule son discours dramatique, alors que le Scherzo s’écarte à l’extrême du simple divertissement qu’il est supposé servir. Quant au Final à variations, il réserve une surprise à tous les familiers de l’œuvre. Non seulement le thème est énoncé par un seul musicien de chaque pupitre de cordes, au lieu de l’ensemble de ces pupitres, mais une cadence inattendue précède le développement. Elle offre au premier violon la possibilité d’évoquer furtivement, et comme par anticipation, le thème bien connu de la 5ème symphonie. Un clin d’œil bienvenu ! Le mouvement tend enfin vers cette coda hymnique et triomphale qu’exalte le magnifique pupitre de cors.

Là aussi, l’ovation du public obtient un bis d’une parfaite adéquation : un extrait du ballet Les Créatures de Prométhée, du même Beethoven, qui reprend, note pour note, le thème du final de la 3ème symphonie. Il conclut ici la soirée sur une aimable pirouette musicale.

Partager

Souvenirs d’Europe centrale au programme des Clefs de Saint-Pierre
La 25ème saison des Clefs de Saint-Pierre se conclut le 28 avril prochain.
L’Orchestre national du Capitole reçoit Ton Koopman et la Maîtrise de Toulouse
Mozart et Pergolesi sont inscrits au programme du concert donné le 25 avril prochain par l’Orchestre national du Capitole sous la direction de Ton Koopman.
BALLET NATIONAL DU CAPITOLE : LE RETOUR DE LA FILLE AUX YEUX D’ÉMAIL.
Coppélia – Natalia de Froberville – Ramiro Gomez Samon en répétition-  © David Herrero Coppélia revient sur la scène du Capitole ; elle nous était venue en 2016 de la main de Charles Jude, c’est une autre ancienne étoile de l’Opéra, Jean Guillaume Bart qui nous la ramène aujourd’hui.. Coppélia,
La grande dame du piano et son complice en musique
Le retour à Toulouse de Martha Argerich constitue toujours un événement musical particulier.
BALLET NATIONAL DU CAPITOLE – SAISON 2025-2026  
Pour sa   troisième saison à la direction du Ballet National du Capitole , Beate Vollack nous fait quatre propositions où l’on retrouve toutes les formes de danse, du classique au néo-classique et au contemporain. Certains ballets sont à revoir, d’autres sont des créations. Pour célébrer le cent cinquantième anniversaire
« On ne programme pas une saison pour d’autres raisons que l’émotion, le bonheur et l’élévation du public » Christophe Ghristi
La saison 25/26 est celle du désir