Voici donc 25 ans que le Conseil Général des Landes décida de créer, sous l’impulsion de son président Henri Emmanuelli, un festival qui puisse présenter au public français, toutes les formes de flamenco : chants, danses, guitares, et ce, du plus traditionnel au plus contemporain. Et si l’on en juge par les résultats, année après année, le pari est réussi au-delà de toute espérance. Ce Festival est, à l’heure actuelle, le plus important festival flamenco hors des frontières ibériques. Tous les grands noms, les meilleurs artistes, se sont donné, à un moment ou un autre, rendez-vous sur la scène du Café Cantante, devant des salles combles. Et cette année, plus que toute autre, Sandrine Rabassa, directrice artistique, a su trouver les meilleurs pour souffler dignement les 25 bougies du festival.
Maria Pagés © S. Zambon
En ouverture, le 1er juillet, l’Espace François Mitterrand accueillera Maria Pagés et son dernier ballet Utopia, en hommage à l’architecte brésilien Oscar Niemeyer. Cette danseuse, que nous avions admirée il y a deux ans, présente un spectacle total, structuré en 8 parties qui s’inspire de textes aussi bien de Baudelaire que de Neruda, Machado ou Larbi el Harti. La beauté formelle de sa danse, son sens esthétique et son anticonformisme en font une artiste hors du commun.
Le mardi 2 juillet, au Café Cantante, la guitare de Diego del Morao, fils de Moraíto Chico et descendant d’une longue lignée de guitaristes illustres, partagera la scène du Café Cantante avec Fuensanta la Moneta, jeune artiste dont la danse est empreinte de dramatisme et d’expressivité.
Le 3 juillet verra un spectacle totalement inédit. En effet, point de guitares, de palmas ou de chant, seuls 2 pianos sur scène pour un concert flamenco des plus originaux, avec deux artistes profondément enracinés dans la tradition gitane : Diego Amador et Dorantes. Mais l’un et l’autre ont su créer une autre musique flamenca avec un instrument peu habituel dans ces familles de guitaristes dont ils sont issus. Parfois proches des sonorités jazz, leurs pianos s’adaptent au monde flamenco avec une virtuosité et une créativité exceptionnelles.
Esperanza Fernández © Juan Ramon Vera
Place de nouveau à la danse et au chant le 4 juillet avec Mercedes Ruiz et son Baile de palabra, une œuvre construite comme un défi : une chorégraphie moderne basée sur le respect de la tradition. Elle sera accompagnée au chant par David Lagos un habitué du festival, et à la guitare par Santiago Lara qui a composé la musique du spectacle.
En deuxième partie ce sont les voix d’Esperanza Fernández et d’Arcángel qui furent chacun leur tour des magiciens qui, lors de spectacles précédents, nous ont fait frémir et parfois monter les larmes aux yeux, en particulier la bouleversante interprétation du « Gelem, gelem » gitan par Esperanza Fernández.
Chant et musique seront les rois de la fête le vendredi 5 juillet. José Valencia, El Lébrijano et Pedro el Granaíno le sévillan, se livreront à un véritable mano a mano, confrontant leurs voix, leurs chants et leurs traditions. Leur succèdera sur scène une véritable icône de la guitare flamenca, Tomatito, qui fut l’accompagnateur de Camarón de la Isla, à la suite de Paco de Lucía. Il se consacre maintenant à une carrière solo et est devenu l’un des très grands du monde flamenco.
Farruquito © Juan Ramon Vera
En clôture, le 6 juillet, les festivaliers pourront, avant le dîner-spectacle du soir, retrouver Dorantes qui accompagnera Michel Vuillermoz, sociétaire de la Comédie Française, dans sa lecture de textes de Federico García Lorca : Le poète et le duende. Le Café Cantante se transformera en Cantante Gourmand sous les doigts de Michel Guérard aux fourneaux, tandis que sur scène se produiront deux des représentants des deux plus grandes familles du baile flamenco : les Farruco et les Amaya. Farruquito, petit-fils de Farruco et fils de la Farruca, que nous avions pu voir l’an dernier, et Karime Amaya, petite nièce de l’immense Carmen Amaya, célèbreront la tradition sur une chorégraphie signée Antonio Canales.
Mais outre ces spectacles, le Festival c’est aussi des rencontres, des stages animés par les artistes invités : Farruquito pour la danse, Diego Amador pour le piano flamenco. C’est encore des spectacles de rue, du cinéma, des expositions et partout les bodegas qui accueillent les artistes du Festival Off.
Un évènement qui prend un éclat tout particulier cette année de son vingt-cinquième anniversaire et qui, soyons-en sûrs, accueillera une fois de plus la foule de festivaliers qui étaient près de 30 000 pour la dernière édition.