DVD

Une vision aussi originale qu’émouvante

        Le chorégraphe français Jean-Christophe Maillot a fait créer sa Cendrillon par les Ballets de Monte-Carlo en 1999. La voici enfin en dvd. Finalement peu de chorégraphes se sont intéressés à un sujet qui, pourtant, remonte à la nuit des temps. Certains le datent même de 9 siècles avant JC ! Compte tenu de cette datation, la version « moderne » de Cendrillon est récente puisqu’écrite par Charles Perrault en 1697. C’est en 1944 que Serge Prokofiev achève sa partition de Cendrillon, une commande du Kirov qui sera cependant créée au Bolchoï de Moscou. Si l’on devait faire un retour rapide sur les dernières versions marquantes de ce ballet , il faudrait mentionner Maguy Marin et son monde de poupées (1985),  Rudolf Noureev pour le Ballet de l’Opéra de Paris, avec une vision très hollywoodienne (1986),  John Neumeier pour le Ballet de Hambourg (1992), pour en arriver à la dernière version en date,  celle de Jean-Christophe Maillot pour le Ballet dont il a la charge, celui de Monte-Carlo (1999). Originalité, sensualité, émotion Dès la scène liminaire, nous savons immédiatement que nous entrons en terrain inconnu. Il faut abandonner le conte pour aller un peu plus loin, dans l’inconscient des personnages, vivre leur passé et leur présent. C’est le père de Cendrillon qui apparaît en premier, en compagnie de sa femme. Leur pas de deux laisse présager une fin douloureuse. En effet, à l’instar d’une Antonia ne pouvant plus chanter au risque de mettre sa vie en péril, la mère de Cendrillon ne peut plus danser. Dans un élan passionné elle mourra dans les bras de son mari. Par un habile jeu de scène, le corps de la malheureuse va se transformer entre les mains du père inconsolable  en une simple robe blanche, une robe qui jouera un rôle important par la suite. La narration traditionnelle du conte peut alors démarrer. Elle nous réserve bien des surprises. Exit la chaussure de vair, tout ici sera affaire de pieds, ceux de Cendrillon qu’une fée bienfaisante aura trempés dans le plat de lentilles sur lequel s’échine Cendrillon pour les en faire ressortir ruisselants d’or. Exit aussi, et là l’option est plus osée, les tableaux folkloriques avec musiques aux accents espagnols, chinois et russes. Quitte à faire voyager le Prince et ses amis, à leur faire découvrir d’autres pays, Jean-Christophe Maillot s’éloigne aussi de la partition et inclus dans son ballet des extraits musicaux de la suite symphonique écrite par Prokofiev en 1934 : Lieutenant Kije. Pari réussi tant par la beauté d’images en ombre chinoise absolument somptueuses que par une musique à la mélopée complètement envoutante.  Donnant à la fée les traits de la mère défunte, le chorégraphe lui confie aussi la mission de tenir Cendrillon loin des apparences trompeuses d’une vie trop facile. Dans un final qui vous portera au bord des larmes, Maillot fait retrouver le père et la fée. Ce dernier a rejeté sa seconde femme et, dans le pas de deux qui l’unit une ultime fois à son épouse/fée, il accomplit son devoir de deuil dans la sérénité pendant que les deux jeunes amants volent vers le bonheur. Superbe !L’entier Ballet de Monte Carlo est à louer pour son interprétation. Bien sûr il convient de citer Aurélia Schaefer et Francesco Nappa, un couple de jeunes premiers irradiants de passion et de sensualité. Mais il faut à tout prix souligner la fantastique performance de Bernice Coppieters, une Fée sublime d’émotion, de technique aussi, dont le physique parfait vous donnera le vertige. Avec cette danseuse nous touchons à la perfection. Profitez impérativement du dvd bonus qui accompagne ce coffret et découvrez-la dans un magnifique portrait.La partie musicale est assurée par le Cleveland Orchestra placé sous la direction de Vladimir Ashkenazy. Un must ! Précipitez-vous !

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