DVD

Une Thaïs très… hollywoodienne

      Captée en direct sur la prestigieuse scène du MET new yorkais en décembre 2008, la représentation de cette Thaïs que Jules Massenet (1842-1912) composa en 1894 sur un roman d’Anatole France  (1844-1924), a d’énormes qualités et des défauts que l’on ne peut que regretter. Eliminons de suite ces derniers.   La production, signée John Cox, en fait une reprise d’un spectacle créé à Chicago en 2002, est d’une naïveté confondante. A l’instar des premiers péplums du 7ème art, elle est faite de chic et de toc, d’étoiles peintes dans le ciel et de palmiers à hurler de rire. En la matière, le summum est atteint dans la scène finale où nous retrouvons Thaïs sanctifiée avant l’heure, trônant en majesté, en robe Christian Lacroix et avec une mine resplendissante, dans une châsse ! Pourquoi pas, sauf que la musique et le livret disent tout autre chose. De plus, le cadrage trop précis des protagonistes nous les font surprendre, sur le plan dramatique, assez loin de leur personnage. Pour ne pas dire extérieurs. Et c’est dommage car, musicalement, la direction de Jesus Lopez-Cobos, même si elle est très attentive aux deux stars en présence, ne manque ni de sens ni de style. Et vocalement, nous tenons là un duo superlatif. Renée Fleming chante Thaïs avec une musicalité aérienne confondante de technique, si ce n’est d’émotion. Quant à Thomas Hampson, il campe un Athanaël au timbre clair, certes, mais magnifiquement phrasé. Presque trop d’ailleurs, cette qualité occultant de facto le désordre moral et spirituel que vit le moine cénobite. Mais tout de même, quel interprète !De la suite de la distribution, nous passerons sous silence le Nicias calamiteux de Michael Shade pour ne retenir que les courtes interventions, frappées au sceau de l’authenticité, du Palémon d’Alain Vernhes. Mais cela n’étonnera personne.Les phalanges orchestrales maison sont sans reproche et le triomphe du violon solo de David Chan à la fin de la célèbre Méditation n’est que mérité.

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