DVD

Une somptueuse ode à l’amour conjugal

      Si l’on doit faire des réserves sur ce dvd, autant le faire de suite. Il s’agit en fait d’un film tourné en 1970 et diffusé à la TV allemande à l’occasion du bicentenaire de la naissance du compositeur. La production avait été créée en 1962 à Berlin et la bande son captée en 1969. Toutes ces dates ne sont pas citées ici par hasard. Premièrement, la production, signée Gustav Rudolf Sellner,  et le film, réalisé par Ernst Wild, portent toutes deux la marque de leur temps, d’une certaine esthétique propre aux débuts de l’opéra filmé. Les gros plans succèdent aux gros plans, mettant en avant des stéréotypes d’interprétation et un play back approximatif. De plus, comment croire l’ombre d’une seconde à la confusion pouvant exister physiquement entre Fidelio et Leonore, Gwyneth Jones aurait dû, a minima, oublier son rouge à lèvres… Ce bémol avoué, il n’en reste pas moins que ce dvd est absolument passionnant car, deuxièmement, il nous restitue quelques unes des plus grandes voix du XXème siècle dans toute leur splendeur. Et quelles voix. Dame Gwyneth Jones, au faîte de ses moyens, est une Léonore bouleversante, son soprano clair et triomphant se fond avec souplesse dans le somptueux quatuor du 1er acte comme il sait se montrer vibrant et déterminé dans la grande scène de ce personnage, au 1er acte également. Si le rôle de Florestan est court, il n’en est pas moins difficile à négocier. James King en était alors l’un des plus brillants titulaires. Son ténor, vaillant et formidablement conduit, gomme avec habileté toutes les aspérités de cet emploi. Les trois clés de fa sont superlatives. Imaginez un peu, Gustav Neidlinger en terrifiant et tellurique Pizarro, Josef Greindl, plus qu’émouvant Rocco et, si ce n’est pas du luxe on n’en est pas loin, Martti Talvela en Ministre ! Sans oublier Olivera Miljakovic (Marzelline) et Donald Grobe (Jaquino). Quant aux phalanges orchestrale et chorale, ce sont celles de l’Opéra Allemand de Berlin, placées ici sous la conduite d’un géant dans ce répertoire : Karl Böhm. Avec cet enregistrement, il signait l’une des plus incontournables références, encore aujourd’hui, de cet ouvrage.

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