1979, DGG plantait caméras et micros à l’Opéra d’Etat de Bavière, à Munich, pour capter un spectacle qui, depuis douze ans, faisait beaucoup parler de lui. Il s’agissait d’un Rosenkavalier dirigé par Carlos Kleiber et mis en scène par Otto Schenk. Heureuse initiative car, en fait, la firme au label jaune immortalisait là un vrai miracle. Trente ans après, le concert de louange qui accompagne toute discussion sur cette captation ne faiblit pas. Au contraire. Plus le temps passe, plus les réalisations se succèdent et plus ce spectacle nous apparaît comme exemplaire, unique et, finalement, génial. Saluons tout d’abord la direction de Carlos Kleiber. Non seulement elle est entrée dans l’Histoire mais, en plus, aucune autre ne peut prétendre la tutoyer. Faite d’élégance, de sensualité, d’une souplesse renversante, elle hisse l’Orchestre d’Etat de Bavière au niveau de la Philharmonie de Vienne. C’est dire !La distribution, superbe, est dominée malgré tout par l’Octavian de Brigitte Fassbaender. Avec cette artiste, nous touchons aussi à une osmose parfaite entre un rôle et un interprète. Portant le travesti à merveille, elle pare ce jeune homme d’un timbre somptueusement chaud et velouté, extraordinairement troublant.Gwyneth Jones (La Maréchale), Lucia Popp (Sophie) et Manfred Jungwirth (Ochs) participent, au niveau que l’on imagine aisément, à cette réussite majeure de l’Histoire de l’Opéra.