Filmée en 1997, cette production du Ring avait été créée en 1994. Seule la dernière journée, Le Crépuscule des Dieux, nous parvient aujourd’hui. Et l’on reste confondu, non pas par la mise en scène d’Alfred Kirchner, somme toute très classique, mais par les décors et costumes de Rosalie. Non, ami internaute, ce n’est pas une familiarité de ma part, c’est tout simplement le nom de scène de Gudrun Müller. Quoi qu’il en soit, le résultat est absolument navrant, surtout les costumes. Voir Siegfried débarquer comme s’il était dans une production de l’Auberge du Cheval Blanc, il n’y a rien à faire, le mythe en prend un coup. Quant à Brünnhilde, la robe de sa scène finale est indescriptible, type robe de mariée à deux balles signée Tati. Seul Hagen se sort du naufrage, les autres semblant émerger d’un vieux manga. Pitoyable. Heureusement, côté vocal, Wagner est bien là, même si les ombres tutélaires peuvent, hélas, dormir tranquille. Dominant le plateau, le Hagen d’Eric Halvarson est somptueux de noirceur, de profondeur et d’intention dramatique. Un monument qui, a priori, a captivé et motivé le réalisateur. Wolfgang Schmidt n’a jamais été un grand Siegfried, il le prouve encore ici. Empêtré dans un aigu qu’il n’a pas, il parvient malgré tout à la fin du rôle. Falk Struckmann est un Gunther de bonne facture de même que l’Alberich d’Ekkehard Wlaschiha. Se rangent dans cette catégorie la Gutrune d’Anne Schwanewilms, malgré quelques aigus « résistants » et la Waltraute d’Hanna Schwarz. Il n’y a plus d’authentique Brünnhilde aujourd’hui. Voici 10 ans, au moment de la présente captation, Deborah Polaski, malgré une quinte supérieure dangereusement rétrécie, était tout de même ce qu’il y avait de mieux à présenter, Bayreuth ou pas. James Levine dirigeait sans grande originalité les somptueuses phalanges du « temple ». Un témoignage.