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Une œuvre à (re)découvrir impérativement

      Pour ceux qui n’auraient pas eu la chance de voir la superbe production de La Rondine mise en scène par Nicolas Joel, coproduite par le Capitole de Toulouse et le Covent Garden de Londres, et ainsi faire, peut-être, connaissance avec l’un des opéras les plus originaux de Puccini, voici une séance de rattrapage qui nous vient des Etats-Unis. Plus précisément du Washington National Opéra.   C’est l’épouse du directeur des lieux, Marta Domingo, qui dirige ici une mise en scène, à vrai dire aussi conventionnelle qu’efficace, de cette production filmée en mars 1998. Cet opéra, nous le savons, ne fut jamais du goût de son auteur. A tel point qu’il en fit trois versions avec deux conclusions différentes !C’est un mélange de toutes ces versions que nous concocte ici la femme du grand ténor espagnol, choisissant de faire mourir l’héroïne in fine. Pourquoi pas ?A la tête des phalanges chorales et musicales du Washington National Opéra, le maître français Emmanuel Villaume dirige cette partition, plus complexe qu’il ne semble, avec un souci permanent de la légèreté qui préside à cette histoire de demi-mondaine prise dans les rets d’un véritable amour. Ses mouvements de valse sont irrésistibles et la densité dramatique sous-jacente à certaines scènes d’un formidable impact émotionnel.Sur scène, la soprano espagnole Ainhoa Arteta, avec ses faux airs d’Arielle Dombasle, est une somptueuse Magda. Souveraine dans l’engagement dramatique, véritable artiste de 7ème art, amoureusement filmée ici par Brian Large, elle compose aussi un portrait vocal de cette « hirondelle » d’une extraordinaire musicalité. La soprano albanaise Inva Mula, qui fut dans la production de Nicolas Joel une formidable Magda, est cette fois Lisette, un rôle moins important certes mais qu’elle magnifie de ses somptueux moyens vocaux et dramatiques.Si le ténor américain Richard Troxell est le poète Prunier avec beaucoup d’élégance et de style, son compatriote Marcus Haddock ne se sort pas du rôle de Ruggero avec le même bonheur. La tessiture tendue de cet emploi nous vaut quelques sons fixes peu plaisants et son jeu de scène rudimentaire, pour ne pas dire d’un autre siècle, ne soutient à aucun moment le romantisme de la situation.Dommage, sûrement, mais cette réserve ne doit pas être rédhibitoire face aux énormes qualités de ce film.

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