DVD

Une lacune enfin comblée !

      Le véritable premier grand opéra wagnérien ne connaît pas les fortunes discographiques de certaine Walkyrie et autre Lohengrin. A cela pas mal d’explications tout à fait cohérentes, dont l’énormité de cet ouvrage, le manque de dynamisme dramatique du livret et la rareté des interprètes pour le rôle-titre. C’est déjà beaucoup ! Cela dit, en 2010, le Deutsche Oper de Berlin se lance dans l’aventure d’une nouvelle production, après celle signée Nicolas Joel pour Leipzig en 2007. Cette fois, c’est le cinéaste allemand Philipp Stölzl qui aura la rude tâche de mener à bien le déroulement monstrueux de l’ascension et de la chute du dernier des tribuns romains : Cola di Rienzo (Rienzi pour l’opéra). Monstrueux quant à la longueur de cet ouvrage format Grand Opéra à la française, à l’origine de près de 6 h mais très rapidement raccourci par le compositeur lui-même qui, un temps pensa même le faire donner en deux soirées ! La présente version est donc quasiment un digest puisque les innombrables coupures opérées la réduisent à… 2 h 30 ! O Après une ouverture somptueuse qui flirte avec Le Dictateur de Chaplin dans un décor rappelant furieusement le Berghof de Berchtesgaden, le ton est donné, la vision du metteur en scène sera avant tout politique, rappelant en cela tout l’attachement d’Hitler pour cette partition dont la connaissance qu’il en avait influença, dixit la plaquette du présent DVD, sa politique. L’action, ou du moins ce qu’il en reste, est donc transposée de la Rome du 14ème siècle à l’Allemagne de la République de Weimar. L’incendie du Capitole devenant de facto celui du bunker dans lequel disparut Hitler. Au-delà de ces repères parfaitement lisibles, de nombreuses projections d’actualités de l’époque font référence à cette épouvantable page de l’Histoire de l’Europe. C’est une option drastique qui peut déranger certes, mais qui fonctionne. Sur scène, Torsten Kerl domine largement les débats tant dramatiquement que de sa belle voix claire certes, mais parfaitement projetée et homogène, affrontant avec succès les flots tempétueux d’une partition que dirige avec beaucoup de sens Sébastian Lang-Lessing à la tête des remarquables phalanges musicales et chorales de cette prestigieuse institution lyrique allemande. Il n’est cependant pas le seul à récolter in fine les lauriers du triomphe car il doit les partager, et ce n’est que justice, avec Kate Aldrich, impétueux et formidablement chanté Adriano. La suite de la distribution, y compris l’Irène de Camilla Nylund, est clairement moins enthousiasmante. Voilà donc le challenge de la future version que va produire le Capitole de Toulouse en octobre 2012, mise en scène de Jorge Lavelli, dirigée par Pinchas Steinberg avec toujours Torsten Kerl dans le rôle-titre. Cette nouvelle version, beaucoup plus longue, sera également diffusée en DVD. A noter  que ce spectacle qui ouvre la saison toulousaine 2012/2013 marquera le retour sur scène de cet ouvrage absent de France depuis 1869 !

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