Janvier 2008, le célébrissime Liceu de Barcelone invite les deux interprètes les plus prestigieux de notre temps pour chanter ce chef d’œuvre rossinien, dans le style bouffe, qu’est La Cenerentola : Joyce DiDonato et Juan Diego Florez. Ils vont être fidèles à leur réputation, nous donnant à entendre ce qui se fait de plus beau en matière belcantiste de nos jours. Difficile de parler de perfection, et pourtant, comment faire avec la mezzo américaine Joyce Didonato ? Du timbre mordoré et velouté au phrasé somptueux en passant par une musicalité omniprésente, un style intouchable et cette douceur dans la voix qui renvoie bien au personnage d’Angelina en permanence, tout nous ramène inexorablement vers les frontières de l’idéal.A ses côtés, le ténor péruvien, dans l’un de ses rôles « carte de visite », incarne un Prince qui, lui aussi, tutoie la perfection. Timbre de soleil, virtuosité de la colorature, style impeccable, un ambitus d’une parfaite homogénéité lui autorisant des notes stratosphériques, que souhaiter de mieux ? Dans cet opéra, aucun autre duo, y compris au disque, ne peut lui être comparé. C’est tout dire. Saluons également Cristina Obregon (Clorinda) et Itxaro Mentxaka (Tisbe) et les trois clés de fa, parfaitement au diapason de ce spectacle de très haut niveau : David Menéndez (Dandini), Bruno de Simone (Don Magnifico) et Simon Orfila (Alidoro). Il faut applaudir aussi l’excellente direction de Patrick Summers, actuel directeur musical du Houston Grand Opera, une direction bourrée d’intention, de fluidité, de couleurs, et en même temps une mécanique d’une précision absolue dont les phalanges musicales et chorales du Liceu se font les parfaites interprètes.Joan Font et ses Comediants ainsi que les décors et costumes de Joan Guillén nous entraînent définitivement, quant à eux, dans une vision très Lewis Carroll, au cœur d’un monde de rêve et de bande dessinée. Avec une magnifique pirouette finale…Assurément la vidéo de référence de cet ouvrage. Et pour longtemps !
