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Un Pelléas d’une intense théâtralité

      Cet enregistrement, capté sur le vif au Theater an der Wien en janvier 2009, est le témoignage de la prise de rôle scénique de Mélisande par Natalie Dessay. Mais le plaisir ne s’arrête pas là. Loin s’en faut ! En effet, la mise en scène de Laurent Pelly est d’une précision, d’une théâtralité, d’une fluidité, d’un pouvoir émotionnel et d’une pertinence qui laissent admiratifs. A-t-on jamais vu cet ouvrage, au livret suranné, donner autant le frisson, que ce soit celui de la peur, comme celui de la jouissance ? Disons-le  simplement, la direction d’acteur est formidable. Même si l’on peut être plus réservé sur les décors tarabiscotés de Chantal Thomas, le charme opère. Il faut dire que, sur scène, le Golaud de Laurent Naouri est magistral. Diction, engagement, voix percutante idéale pour ce rôle, tout en fait un interprète de référence. Stéphane Degout chante un Pelléas jeune et viril, lui aussi engagé dans une course qu’il sait suicidaire. Il est bouleversant d’émoi contenu, de tension amoureuse et son beau timbre lumineux fait ici merveille. Natalie Dessay est la comédienne que nous apprécions tous et sa Mélisande est vertigineuse de sensibilité. La tessiture de l’héroïne de Maeterlinck lui convient-elle parfaitement ? Non, bien sûr. Du moins pour l’instant, certaines phrases dans le bas medium et le grave échappant de facto à la compréhension. Entendons-nous bien, il s’agit ici d’une réserve mineure malgré tout car la Mélisande de Natalie Dessay, c’est, aussi, un sommet de phrasé et de musicalité. A leurs côtés, Phillip Ens est un noble et superbe Arkel et Marie-Nicole Lemieux une Geneviève véritablement anthologique. Sans oublier l’Yniold épatant de Beate Ritter.A la tête de l’ORF Radio-Symphonieorchester Wien et de l’Arnold Schoenberg Chor, Bertrand de Billy dirige cette partition somptueusement picturale avec un art consommé de la coloration. Superbe !

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