La rumeur enfle depuis quelques temps, le 21ème siècle tiendrait un ténor d’une qualité exceptionnelle. Après un premier récital (DECCA) qui recueille les plus prestigieuses récompenses de part le monde, le voici en chair et en os dans un opéra emblématique du répertoire : Carmen. Autant le dire tout de suite, Jonas Kaufmann écrase les références ! Captée en décembre 2006 au Royal Opéra House Covent Garden de Londres, cette représentation de Carmen nous fait découvrir de visu le ténor allemand Jonas Kaufmann, aujourd’hui au faîte de moyens vocaux considérables. Dans une mise en scène sans grand intérêt, voire parfois triviale, signée Francesca Zambello, l’intelligence de Jonas Kaufmann illumine d’une noire lumière les amours contrariés de la belle cigarière et du malheureux soldat. A-t-on déjà entendu chanter Don José de cette manière ? La diction est parfaite, le style d’une rigueur sans faille, une infinie musicalité se manifeste derrière chaque note, les couleurs crépusculaires qu’il donne à sa voix sont bouleversantes. Chez cet interprète, rien n’est gratuit. C’est là que réside toute l’intelligence de ce chanteur, dans la pertinence de chaque inflexion, de la moindre nuance comme de la plus subtile dynamique. On est au bord du vertige. Comédien engagé doté d’un charisme indiscutable, il nous fait littéralement redécouvrir un rôle qui pourtant connut des interprètes prestigieux.Malgré leurs indéniables qualités, les autres artistes qui l’accompagnent pâtissent de sa présence. Il en est ainsi de la Carmen d’Anna Caterina Antonacci, un rien limite dans cet emploi de mezzo, d’Ildebrando D’Arcangelo, cependant superbe Escamillo et de Norah Amsellem, Micaëla de belle tradition.Saluons tout de même les deux excellent français de l’étape, Jean-Paul Fouchécourt (Remendado) et Jean-Sébastien Bou (Dancaïre).A la tête des phalanges londoniennes, Antonio Pappano livre une lecture puissamment dramatique de cet ouvrage.Pour Jonas Kaufmann, à découvrir de toute urgence !