Captée sur la scène du Teatro Carlo Felice de Gênes en 2005, cette représentation de La Fille du Régiment, l’une des incontestables œuvres majeures de Gaetano Donizetti, réunit deux interprètes au-dessus de tout soupçon : Patrizia Ciofi et Juan Diego Florez. Tourneboulée par un coup de foudre récent pour son beau Tonio, la Marie de la cantatrice italienne flirte de très près avec la perfection. Son chant, d’une exquise musicalité, se déploie au travers d’un organe extraordinairement souple, parfaitement adapté à cet emploi et dont les couleurs traduisent bien les multiples et contraires sentiments bouleversant cette jeune fille. Comédienne subtile, elle trace ici un portrait de l’héroïne donizettienne plein de charme et de sensibilité, de courage et de volonté. Magnifique !Le ténor péruvien Juan Diego Florez a fait de Tonio son cheval de bataille. Les plus grandes scènes du monde se le disputent dans ce rôle car il s’y révèle aujourd’hui…unique ! Simplement. Bien sûr le triomphe est au rendez-vous de l’air fameux se clôturant sur rien moins que neuf contre-ut, à tel point qu’il doit le bisser. Mais le grand art de cet interprète se dissimule ailleurs, dans cet air sublime au cours duquel il explique pourquoi il s’est engagé dans l’armée et comment il ne saurait vivre loin de Marie. Là nous touchons à la perfection, autant dans l’intention que dans un phrasé stupéfiant de tenue et d’ampleur. Quant au timbre sombrement velouté de ce chanteur décidément exceptionnel, il fait encore une fois merveille pour exprimer tout l’amour qu’il porte à cette jeune fille protégée par tout un régiment.Deux interprètes hors classe qui signent ici une véritable référence.Les autres rôles, on le sait bien, sont véritablement secondaires, et n’ont pas de véritable valeur ajoutée, si ce n’est de justifier l’action d’un spectacle dont la régie, confiée à Emilio Sagi, transporte le livret dans la France de la débâcle allemande de 1945. Une idée pas si neutre que çà puisque faisant échapper de facto l’œuvre à un contexte d’origine proche de l’opérette.A la tête des phalanges maison, Riccardo Frizza fait preuve d’une belle dynamique tout en restant très attentif au plateau.Le second DVD propose un portrait de Juan Diego Florez, quelques extraits de répétitions et différents entretiens avec les artistes.Une fort belle réalisation qui aura sa place, n’en doutons pas, sur la liste au Père Noël de tout amateur d’opéra.