DVD

Plongée dans le mystère de la création

      Captée en direct sur la scène de l’Opéra Royal du Danemark à Copenhague en décembre 2009, cette production du Tannhäuser de Richard Wagner est signée Kaspar Holten pour la mise en scène et Mia Stensgaard pour les décors et les costumes. En fait, c’est dans cette réalisation scénique que réside tout l’intérêt du spectacle.   Son concept, très particulier, est assumé de  bout en bout. L’action se déroule chez le poète Tannhäuser, mais l’espace change suivant la transformation de son monde intérieur. Ce que nous donne à voir Kaspar Holten est l’esprit de Tannhäuser, l’esprit d’un génie en pleine création. Tous les personnages chers à Wagner sont là, ainsi que le tournoi de la Wartburg, bien sûr. Mais le propos du metteur en scène va beaucoup plus loin que la simple représentation d’un cerveau en ébullition. Au travers du rôle-titre, il va mettre en perspective le sort du poète maudit de son vivant et  glorifié après sa mort. La canonisation post mortem de son chef-d’œuvre est à mettre en parallèle avec le fleurissement de la crosse pontificale à la suite du sacrifice ultime d’Elisabeth. L’intellectualisme certain de cette vision se  double d’une parfaite cohérence à laquelle il faut rendre hommage car le pari n’était pas gagné d’avance. In fine, totalement passionnant. Dommage alors que les interprètes ne soient pas au même niveau d’ambition. Et en particulier le Tannhäuser à la tierce aigüe littéralement terrifiante de Stig Andersen ! La suite relève de l’honnête moyenne, y compris les phalanges locales sous la direction bien timide de Friedemann Layer. Je veux parler de Tina Kiberg (Elisabeth), Susanne Resmark (Vénus) et Stephen Milling (Hermann). Sauvons cependant du lot le très beau Wolfram de Tommi Hakala, dont le timbre splendide et une ligne de chant merveilleuse avaient déjà été  remarqués à Toulouse, une première fois dans le rôle de Lysiart du rarissime Euryanthe de Weber sous la direction de Rani Calderon à la Halle aux Grains en janvier 2010, puis, en novembre de la même année dans le rôle de Bill, au Capitole de Toulouse, lors de la création in loco de Grandeur et Décadence de la Ville de Mahagonny.

Partager