DVD

« Michel Legrand, une fontaine à musique »

      Jacques Demy Michel Legrand l’avait promis à Jacques Demy : un jour leurs Parapluies deviendraient un classique de la scène. C’est chose faite depuis septembre 2014 grâce à Jean-Luc Choplin qui a bien voulu donner sa chance à ce titre sur la scène de son Châtelet. Le compositeur n’ayant pas souhaité présenter cette comédie dramatique en version « opéra », c’est-à-dire avec l’orchestre dans la fosse, l’option choisie est donc avec une formation symphonique sur scène, en l’occurrence l’Orchestre national d’Île de France, et devant lui une mise en espace de l’action signée Vincent Vittoz, avec des décors a minima (Jean-Jacques Sempé et Vincent Vittoz) et des costumes (Vanessa Seward). Retour donc 50 ans en arrière, date de sortie du film de Jacques Demy. O Tous les personnages sont là, sur scène, chantent ces mélodies qui ont traversé un demi-siècle et se sont ancrées dans la nostalgie des cinéphiles. Michel Legrand a été obligé de réorchestrer sa partition et c’est donc, en septembre 2014, sur la scène du Châtelet, à une première mondiale de la version symphonique de cette œuvre que le public a été convié. Et que le présent DVD a immortalisée. La mise en scène est maline, avec des pans de décors naïfs qui circulent à bout de bras de marins et créent des espaces dramatiques. Pas de transpositions d’époque, comme il est aujourd’hui habituel dans le monde de l’opéra, l’œuvre, si fragile, n’y aurait pas résisté. Michel Legrand, bien qu’il ait fait confiance à Jean-Luc Choplin pour la distribution, ne pouvait faire l’impasse sur Natalie Dessay (Mme Emery) et Laurent Naouri (Roland Cassard). Si le grand soprano français se tire avec plus que les honneurs de son passage à ce genre musical, reconnaissons que le non moins célèbre baryton-basse époux de Natalie Dessay à la ville, est un rien engoncé dans des attitudes très… lyriques. Marie Oppert endosse le costume de Geneviève avec une belle et convaincante spontanéité et une réelle implication vocale. Ce qui n’est pas tout à fait le cas de son amoureux transi, Vincent Niclo qui, pour aussi crédible soit-il scéniquement, n’en possède pas moins un organe vocal ne pouvant se mesurer aux exigences de cette partition qui, pourtant, ne contraint que moyennement les interprètes. Louise Leterme ne fait qu’une bouchée de Madeleine et tous les autres rôles sont parfaitement tenus. Visiblement Michel Legrand est heureux de diriger son petit monde. C’est un peu un rêve pour lui aussi. L’occasion de refaire briller une Palme d’or, celle qu’avait obtenue ce film à Cannes en 1964.

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