Une grande dame du chant nous a quittés le 2 juillet 2007 à l’orée de ses 80 printemps. Née Belle Silbermann, le monde de l’art lyrique lui élèvera un piédestal au nom de Beverly Sills. Prima donna assoluta, elle excella autant dans La Reine de la Nuit que dans Traviata, Manon, Lucia ou encore ces reines donizettiennes (Maria Stuarda, Anna Bolena, Roberto Devereux) dont elle marquera définitivement l’interprétation. Le DVD publié quelques semaines avant sa disparition par DGG sort à point nommé, si l’on peut dire, pour nous rappeler quelle étonnante artiste elle fut. C’est ainsi que nous pouvons l’entendre dans une émission pour amateur en 1939, elle a …10 ans alors et chante le Caro nome de Rigoletto avec un aplomb incroyable. Autre témoignage étonnant, les larges extraits de La Traviata captés en 1955, extraits dans lesquels elle démontre toute la modernité de son talent face à des partenaires franchement d’un autre âge, dont le célèbre Ettore Bastianini, aussi expressif qu’un poteau télégraphique. Que dire également des extraits de Manon (1977), Mignon (1956) ou encore Roberto Devereux (1975), si ce n’est souligner leur importance dans l’évolution de l’interprétation lyrique. Convaincue que l’opéra n’était en aucune raison réservé à une élite argentée, Beverly Sills s’employa toute sa vie à tenter de le faire connaître, en particulier en participant à de célèbres émissions télévisées animées par Dean Martin ou Danny Kaye, sans parler du célébrissime Muppet Show.Paris l’a royalement…ignorée, si ce n’est un concert à Pleyel en 1971 ! De fait, cette cantatrice ne fit que de rares apparitions en Europe, consacrant l’essentiel de son activité aux USA où elle fut l’un des piliers, avant d’en devenir la directrice, du New York City Opera.Souhaitons que sa disparition ait, au moins, le mérite d’encourager sa maison de disque à remettre sur le marché les nombreux enregistrements que Beverly Sills lègue à l’Histoire de l’opéra, preuves intangibles d’un art aujourd’hui sans équivalent.
