DVD

Le Seicento à la campagne

      Aux portes de Toulouse, la petite commune de Seilh héberge un bâtiment de charme du XVIIIème siècle, l’Orangerie de Rochemontès. Erigée au milieu d’un parc “à la française” de 9 hectares, cette bâtisse a été choisie, dès 2012, par Catherine Kauffmann-Saint-Martin pour y organiser une saison musicale diverse et chaleureuse. De grands artistes se succèdent depuis et animent quelques après-midis dominicaux au cours desquels la convivialité coexiste avec l’exécution de programmes originaux que l’on ne peut découvrir nulle part ailleurs. O Le 31 mai 2015, l’Orangerie accueillait un trio instrumental issu de l’ensemble Les Passions – Orchestre Baroque de Montauban, trois artistes connus et aimés pour leur implication dans la démarche d’exploration des musiques anciennes. Le flûtiste à bec Jean-Marc Andrieu, directeur de cette formation, Laurent Le Chenadec, bassoniste aux multiples ressources et Yasuko Uyama-Bouvard, experte en claviers, avaient ainsi choisi d’illustrer les « Petits plaisirs » de ce Seicento, majoritairement italien, qui a vu émerger les grandes et petites formes musicales de ce siècle fructueux. Catherine Kauffmann-Saint-Martin a décidé de prolonger le plaisir musical de cet unique concert en produisant un DVD de cet après-midi musical. C’est donc à l’intégrale de l’événement que nous convie ce coffret qui peut s’acquérir en s’adressant à l’éditrice (cksm@orange.fr) ou en se rendant sur le site www.concertarochemontes.org. Outre l’intégrale du programme musical de cet après-midi printanier, le DVD conserve les commentaires avisés de Jean-Marc Andrieu dont la compétence et la bonhomie pédagogique sont bien connues. Cette passionnante floraison musicale qui illumine l’avènement du XVIIème siècle caractérise ainsi le passage de la polyphonie généralisée de la Renaissance à la monodie accompagnée qui va se développer tout au long de la période classique. Le choix des œuvres présentées éclaire joliment ces propos empreints d’humour et de finesse. Un vigoureux dialogue polyphonique à trois ouvre ce programme. Les deux Canzone a soprano e basso intitulées « La Berlasina » et « La Noce », de Tarquinio Merula, placent très haut la barre de la virtuosité. Le basson volubile de Laurent Le Chenadec rivalise avec les riches fioritures de la flûte à bec de Jean-Marc Andrieu. Quant à Yasuko Uyama-Bouvard, elle « jongle » avec les deux claviers de son incroyable instrument hybride, le claviorganum, couplage d’un clavecin et d’un orgue positif qui peuvent sonner indépendamment ou ensemble grâce à un astucieux système de verrouillage entre les deux claviers. A deux reprises en solo, la claviériste donne toute la mesure de son talent et des possibilités de cet instrument, explorant des rivages sonores surprenants et inédits. Ainsi en est-il de cette fameuse Toccata de Michelangelo Rossi, dont Yasuko Uyama-Bouvard est devenue une spécialiste. L’autre Toccata, signée de Claudio Merulo prolonge encore cette redécouverte. Tour à tour, ensemble ou séparément, la flûte et le basson illustrent brillamment ce répertoire qui allie virtuosité et subtilité. Le programme explore les musiques de Cipriano da Rore, Bartholomeo de Selam y Salaverde, Girolamo Frescobaldi, Giovanni Paolo da Cima, Tarquinio Merula, mais aussi John Dowland dont Jean-Marc Andrieu pépie avec délices son étonnante pièce Le Rossignol. Dans le bis offert, la célèbre Ciaccona de Tarquinio Merula sur une basse obstinée, les trois complices sont rassemblés une fois encore. Mais cette fois, Laurent Le Chenadec troque avec aisance son basson baroque contre une deuxième flûte à bec. « Les petits plaisirs du Seicento » portent bien leur nom… Le lien suivant donne un avant-goût de cette parution : https://www.youtube.com/watch?v=9JNrvLcomZ4

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