DVD

L’Autriche conquise… par le Vénézuéla

      « L’événement le plus important au monde dans le domaine de la musique classique ». C’est ainsi que Sir Simon Rattle qualifie « El Sistema », ce projet vénézuélien de soutien à la musique qui reste un exemple pour tous les pays. La décision, prise voici plus de trente ans par le pionnier José Antonio Abreu, de multiplier les orchestres dans les écoles a abouti à la création d’une grande formation symphonique de jeunes intitulée « Simon Bolivar Youth Orchestra of Venezuela ». Sous la direction de son chef charismatique d’à peine vingt-huit ans, Gustavo Dudamel, cette grande phalange de cent cinquante à deux cents musiciens est partie à la conquête du monde de la musique. Le dynamisme de ses membres, âgés de douze à vingt-six ans, issus de tous les milieux sociaux et de toutes les régions du pays, transcende leur jeu et leur accomplissement. Depuis les premières interventions de cette formation sur les scènes internationales, les institutions les plus prestigieuses s’arrachent le jeune chef et ses musiciens. Gustavo Dudamel vient ainsi de faire ses débuts à la tête de la Philharmonie de Los Angeles qui l’a engagé de haute lutte.   Le présent DVD offre au grand public le film du concert donné par cet ensemble le 29 août 2008 au Grosses Festspielhaus de Salzburg, pendant le festival. Comme l’a noté la presse à cette occasion : « Ils sont venus, ils ont joué, ils ont vaincu ! » Le triomphe obtenu par les interprètes est à la hauteur de l’événement. « Les Tableaux d’une exposition », de Moussorgski/Ravel, donnent à chaque soliste l’occasion rêvée de briller individuellement, alors que l’ensemble reste d’une précision, d’une cohésion et d’une vitalité uniques. Tel un lutin malicieux, Gustavo Dudamel dirige ses troupes comme on joue sur un clavier. Son visage et son corps entier se font miroir de la musique. Il semble s’adresser individuellement à chacun de ses musiciens et obtient d’eux exactement ce qu’il souhaite. En première partie de soirée, l’orchestre accompagne un trio de choc dans le Triple concerto de Beethoven. Aux frères Capuçon, Renaud le violoniste et Gautier le violoncelliste, s’est jointe la pianiste argentine Martha Argerich, excusez du peu. Rarement la partition de Beethoven a dégagé une telle concentration d’énergie. Le jeu volontaire et chaleureux des solistes s’intègre à merveille dans le commentaire électrique de l’orchestre. A la fin du concert, Gustavo Dudamel fait monter sur scène le vétéran José Antonio Abreu, l’initiateur de cette longue marche. L’émotion est palpable. Deux bis offerts à l’enthousiasme du public mettent le feu à la vénérable salle de concert. La Marche de Radetzky, de Strauss et surtout la « Danza final » du ballet « Estancia » de Ginastera libère une certaine folie des musiciens qui dansent et font sauter en l’air leurs instruments. La fête ! En outre, le DVD offre un formidable bonus. Il s’agit d’une répétition commentée par Dudamel lui-même de la 1ère symphonie de Mahler. Utilisant les images les plus parlantes pour convaincre son auditoire fasciné, il dévoile ainsi sa vision d’un grand chef-d’œuvre. A voir absolument !

Partager