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Karajan, Vickers, Kabaivanska, les géants du passé

        Quarante ans après son enregistrement (son et image), revoici cette soirée Cav/Pag, une soirée qui prend aujourd’hui une teinte nostalgique mariant avec émotion témoignage et hommage. Témoignage de quelques uns des plus grands monstres sacrés de l’opéra du 20ème siècle, hommage à ceux-là mêmes qui ont perpétué un certain âge d’or de l’art lyrique. Sortant incontestablement vainqueur de cette confrontation, Pagliacci est la plus intéressante des deux réalisations. La mise en scène de Paul Hager, les magnifiques décors et costumes de Georges Wakhevitch, Karajan lui-même derrière la caméra, tout en mouvements d’une étonnante modernité, alliant scènes de foule particulièrement animées et gros plans ravageurs, voilà le cadre de ce drame d’une incroyable violence. Dans le rôle titre, le ténor canadien Jon Vickers n’a toujours pas de rival, aujourd’hui encore. Le torrent de haine qu’il contient jusqu’à l’explosion finale est l’une des plus fascinantes leçons de théâtre lyrique que l’on connaisse. A ses côtés, la jeune Raina Kabaivanska est tout simplement parfaite de chant et de composition dramatique. Très belle prestation dans le rôle de Tonio du baryton anglais Peter Glossop.Reconnaissons très simplement que ni le niveau de la réalisation, ni celui de l’interprétation ne pouvaient mettre ce Cavalleria Rusticana au même plan.Fiorenza Cossotto, Gianfranco Cecchele et Giangiacomo Guelfi étaient d’honnêtes interprètes, sans plus. Et le pire est une réalisation mixant décors naturels et artificiels avec une naïveté, pour ne pas dire plus, et un manque d’imagination qui laissent sans voix.Deus ex machina de ces deux opéras, Herbert von Karajan signe ici, à la tête des phalanges milanaises, de véritables  références musicales. Jamais plus on a entendu ces deux drames véristes avec une pareille chaleur d’accent, un pareil foisonnement de couleurs et une telle intensité dramatique. Somptueux ! Un avertissement tout de même, ces deux  film sont  doublés en play-back, et l’on ne peut vraiment pas dire que les chanteurs d’opéra égalaient alors leurs camarades de la variété dans cet exercice…

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