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En hommage… à lui-même !En hommage… à lui-même !

      Selon une bonne vieille formule prétendant que l’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, le célèbre Met de New York organise assez régulièrement une soirée exceptionnelle (2500 $ la place !) au cours de laquelle il invite une poignée de ce que la planète lyrique compte de plus prestigieux. Ce 23 septembre 1991, ce gala est l’occasion de fêter les 25 ans de présence du Met au Lincoln Center.   Chœurs et orchestre maison sont placés sous la direction de James Levine, alors directeur artistique de cette célèbre scène. Un programme pas très réjouissant dramatiquement mais musicalement somptueux est à l’affiche de cette soirée. Pour ouvrir les débats, rien moins que le dernier acte de Rigoletto avec  un quintette à tomber par terre : Luciano Pavarotti, Leo Nucci, Cheryl Studer, Nicolaï Ghiaurov et, peut-être moins connue, Birgitta Svenden dans le rôle de Maddalena. Au faîte de leur art, ces interprètes nous donnent à entendre ce qui se faisait alors de mieux. L’insolence vocale de Pavarotti, le somptueux phrasé verdien de Nucci, l’extrême musicalité de Studer, la grandeur (même dans ce rôle) de Ghiaurov et le timbre charnu de Svenden, tout concourt, y compris la mise en scène d’Otto Schenk, à faire de cette interprétation un moment d’anthologie. Autre chef-d’œuvre à l’affiche, Otello (tiens, encore Verdi…), 3ème acte, celui de la confrontation entre le Maure et Desdémone, dans la mise en scène de Franco Zefirelli. Sur le plateau, l’un des plus grands Otello du 20ème siècle : Placido Domingo, impérial tout simplement. Face à lui, une autre légende de l’art lyrique : Mirella Freni, ici une Desdémone d’une incroyable sensibilité dont le timbre immaculé, fruité jusqu’à l’ivresse, projeté avec une autorité sans appel, continue de nous éblouir aujourd’hui encore. Tous les autres rôles sont bien sûr au diapason, en particulier Justino Diaz, alors Iago de référence.Il était impensable que ce type de soirée se termine sur des notes aussi tragiques. Et quoi de mieux alors  que de programmer le 2nd acte de La Chauve-souris, de Johann Strauss, cet acte au cours duquel le Prince Orlofsky donne une fête en l’honneur du… champagne !Dans un joyeux mélange d’opéras et de comédies musicales nous retrouvons le gotha du monde de l’opéra d’il y a 20 ans : Hermann Prey, Frederica von Stade, Thomas Hampson, June Anderson, Sherrill Milnes, Aprile Millo, Barbara Daniels, Anne Sofie von Otter,  Ferruccio Furlanetto, Kathleen Battle, Samuel Ramey, Mirella Freni, Luciano Pavarotti et Placido Domingo.Plus qu’un anniversaire, plus qu’un hommage, un témoignage historique.

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