La retransmission dans toutes les salles de cinéma adhérentes au réseau Cielécran a popularisé ce spectacle en le proposant au plus grand nombre. DECCA le grave définitivement pour l’installer parmi ses trésors. Voici donc cette soirée du 21 mars 2009 captée en direct depuis le MET de New York et nous offrant une Sonnambula anthologique. Pitch de la production signée Mary Zimmermann : l’opéra dans l’opéra. Nous assistons donc à une répétition de La Sonnambula de Bellini dont le metteur en scène est Lisa, la rivale en amour d’Amina. L’idée est bonne et fonctionne… parfois. Rapidement cependant la cohérence fait défaut et mieux vaut simplement écouter. Qui plus est, ce qu’il y a à entendre est somptueux, y compris les magnifiques phalanges orchestrale et chorale du MET qui, sous la direction pleine d’émotion et de style d’Evelino Pido, donnent le meilleur d’elles-mêmes. Fidèle à la légende qu’elle s’est forgée, Natalie Dessay investit son personnage, ici Amina, avec un engagement dramatique sans limite. Affrontant les difficultés d’une partition qui en est constellée, le soprano français enchaîne aigus stratosphériques et demi-teintes aériennes avec une autorité sans appel. Et tout cela sur un phrasé d’une admirable largeur. Un redoutable partenaire lui tient tête toute la soirée, redonnant ses lettres de noblesse au rôle d’Elvino : Juan Diego Florez. Au faîte de ses moyens vocaux, le ténor péruvien irradie le cantabile bellinien d’un timbre solaire complètement renversant de beauté, un cantabile somptueux qu’il pare de mille dynamiques et qu’il couronne d’une quinte aigue insolente d’assurance et de santé. Très clairement, cet artiste n’a pas d’équivalent, même en reculant fort loin dans le passé. C’est un authentique miracle d’équilibre et de musicalité. Saluons également la belle noblesse d’accents du Comte Rodolfo de Michele Pertusi. Au total, un must à ne pas manquer.