DVD

Deux stars russes dans leur écrin naturel

        Filmé sur la Place Rouge de Moscou le 19 juin 2013, ce spectacle est somptueux à plus d’un titre. D’une part le duo présent sur scène est indiscutable de talent et de charisme, d’autre part et grâce à un temps merveilleux, la caméra filme la Place Rouge sur un coucher de soleil printanier à faire pâlir d’envie n’importe quelle agence de voyage. O Accompagnés par le State Academic Symphony Orchestra « Evgeny Svletanov » et l’Academic Grand Choir « Masters of Choral Singing » sous l’experte direction de Constantin Orbelian, l’une des plus belles sopranos du circuit, Anna Netrebko, et le plus célèbre et somptueux baryton peroxydé de la planète lyrique, Dmitri Hvorostovsky, rendent un hommage vibrant à Giuseppe Verdi. Bicentenaire oblige. De larges extraits d’I Vespri siciliani, Don Carlo, Il trovatore, Nabucco et Rigoletto sont inscrits au programme de ce récital, sonorisé bien sûr car la célèbre Place Rouge est destinée historiquement à d’autres manifestations… Au programme également Tosca, Andrea Chénier et, bien sûr, Eugène Onéguine. Le triomphe mérité est tel que les deux artistes consentent trois bis qui font définitivement chavirer le cœur du public : la csardas de Princesse Czardas pour Anna Netrebko, les fameux Yeux noirs pour Dmitri Hvorostovsky qui apparaît alors, plus « affûté » que jamais, yeux de velours et sourire balançant entre  carnassier et charmeur. Enfin ces deux étoiles lyriques se retrouvent, en chœur avec les quelques 7000 spectateurs totalement sous le charme, pour interpréter  Les Nuits de Moscou. Ovations sans fin pour un récital de grande qualité qui nous a permis de retrouver une Anna Netrebko plus pulpeuse que jamais, à tous les points de vue, dont le soprano s’épanouit vers un aigu radieux de luminosité. Est-elle pour autant le grand dramatique souhaité pour Don Carlo et Andrea Chénier ? C’est à l’évidence une vraie question dont la confidentialité du bas de sa tessiture projetée sans artifice donne une partie de la réponse. Mais à côté de cela, quelle musicalité, quel style, quelle assurance, quel timbre étrangement peu « russe », quelle rondeur dans l’émission, quelle intelligence dans son chant ! Quant à notre bodybuildé de baryton, lui aussi très éloigné des sonorités d’Europe centrale qui font le désespoir de l’opéra français et italien, il impose un organe d’une sidérante beauté de timbre, de souffle, de dynamique, de phrasé. Une leçon permanente.Ce DVD est un pur régal !

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