L’arrivée à l’Opéra de Zurich en 2007 de cette production de la Sémélé d’Haendel (1685-1759), en provenance d’Aix en Provence (1996) et dans une distribution ébouriffante, nous vaut ce DVD précieux entre tous. Créé en 1744 par la soprano française Elisabeth Duparc (Le Francesina) sur un livret de William Congreve (1670-1729), écrivain sulfureux s’il en est, Sémélé offrit au compositeur une trame dramatique d’une réelle intensité à l’érotisme même pas déguisé. Le metteur en scène Robert Carsen, dont on connaît les affinités avec ce répertoire, saute sur l’occasion pour nous donner une lecture de cette œuvre d’une actualité brûlante, situant l’action de nos jours, dans la cour… d’Angleterre ! Point de machineries lourdes ou encore de toiles peintes, l’austérité règne sur ce plateau où le minimum, grâce au génie de Robert Carsen, devient l’essentiel. Des éclairages somptueux accompagnent un travail sur les chanteurs littéralement au cordeau. C’est magique de bout en bout avec, faut-il le souligner, la scène absolument sublime de la caverne de Somnus. Je vous laisse le soin de la découvrir. C’est renversant et tellement évident. Ses interprètes se glissent dans cette vision avec une délectation jubilatoire.Pour sa prise de rôle, Cécilia Bartoli recueille tous les suffrages. Tour à tour mutine ou tragique, elle met au service de Sémélé cette technique virtuose et cette musicalité hors pair qui en font une interprète rêvée pour ce répertoire. La distribution, à vrai dire, est superlative. Soulignons tout de même le formidable Jupiter de Charles Workman, dont l’élégance du geste le dispute à celle de son chant, mais aussi Birgit Remmert, Juno impitoyable, au timbre souverain, et l’Iris d’Isabel Rey, un monument d’abattage scénique et vocal.Les Chœurs de l’Opéra de Zurich et l’Orchestre La Scintilla, sous la direction de William Christie, égalent les meilleures formations baroques du moment.Près de trois heures d’un spectacle dont on savoure chaque seconde.