Enregistrée entre avril et mai 2007 au Staatsoper Unter den Linden de Berlin, cette production de l’œuvre la plus célèbre du compositeur français révèle, avec la soprano russe, une interprète idéale. Qui peut, aujourd’hui, rivaliser avec « La » Netrebko, dans son répertoire de soprano lyrique ? Qui peut aligner un tel physique de star du 7ème art et une voix d’une telle beauté, conjuguant à l’envie la somptuosité d’un timbre de velours, un ambitus d’une grande profondeur et un art du chant aussi accompli ? Qui de nos jours possède ce charisme foudroyant qui fait mobiliser toutes les attentions dès son entrée en scène ? A toutes ces questions, il faut répondre : personne ! Voilà pourquoi Anna Netrebko est l’incontestable prima donna de ce début du 21ème siècle.Tout ce talent mis au service de Manon, celle de Massenet, et l’on peut imaginer ce que cela peut donner. D’autant que l’originale production de Vincent Paterson, très années 50 du siècle dernier, est « argumentée » autour de son personnage, sa Manon prenant, au fur et à mesure de l’évolution du drame, les visages d’Audrey Hepburn, Marylin Monroe et Ingrid Bergman. Magnifique !Difficile d’exister à côté. Rolando Villazon a beau se démener, son Des Grieux reste trop théâtral, voire caricatural. Son chant « spinto » devient rapidement étranger à toutes les finesses de cette partition.A vrai dire, la suite de la distribution, y compris le Comte de Christof Fischesser et hormis, sans chauvinisme aucun, le Morfontaine de Rémy Corazza, est d’un niveau relativement moyen.Fort heureusement, les phalanges maison sont littéralement galvanisées par la direction pleine de vivacité et de fougue d’un Daniel Barenboim…appelé au dernier moment pour diriger cette production !Mais pour Anna Netrebko, ce coffret est quasiment indispensable.