Du haut de ses vingt-sept ans, l’étonnant pianiste David Fray aborde sans complexe le monde de Bach le grand. Nommé lors des dernières Victoires de la musique, cet interprète original d’un album déjà consacré à Bach, mais associé alors à Boulez, a attiré l’attention du cinéaste Bruno Monsaingeon. On connaît la clairvoyance de ce dernier pour ce qui concerne les talents à découvrir. Sa réalisation de films « historiques » sur le pianiste hors norme que fut Glenn Gould a révélé ses aptitudes particulières de « confesseur » des artistes. Il s’attache ici à suivre et à analyser l’élaboration d’un album consacré par David Fray aux concertos pour clavier et orchestre de Johann Sebastian Bach. Le jeune pianiste endosse ici la double responsabilité de la partie soliste et de la direction de l’accompagnement orchestral, assuré par la très belle phalange de la Deutsche Kammerphilharmonie Bremen. Alternant les séances de répétition se déroulant à Bremen et les commentaires de l’interprète à son domicile parisien, le film lui-même dévoile les chemins empruntés par David Fray pour obtenir de l’orchestre la contribution qu’il attend. Chaleureux et enthousiaste, le jeune maître d’œuvre adresse sans complexe ses recommandations à ses musiciens attentifs et bienveillants. Usant d’images et d’équivalences, il réalise ainsi une analyse passionnante de ces partitions qu’il anime de sa vitalité débordante. Les connaisseurs des prestations filmées de Glenn Gould retrouveront dans l’attitude de David Fray devant son clavier quelque chose de cette étrange posture du pianiste canadien assis très bas sur son extravagante chaise à dossier. A noter en outre, que trois des quatre concertos enregistrés sont intégralement filmés et gravés comme bonus de luxe sur cet album rafraîchissant.