Disques

Sibelius : une édition bienvenue

Trop longtemps, le Finlandais Jean Sibelius (1865-1957) a souffert d’une négligence, voire d’un mépris de la part des milieux musicaux. Si quelques grands chefs d’orchestre comme Leonard Bernstein, Herbert von Karajan ou Lorin Maazel ont brillamment défendu son œuvre, les réticences de certains à son endroit ont longtemps subsisté. La parution de ce coffret Deutsche Grammophon de 14 CDs consacré à l’essentiel de son œuvre symphonique, de sa musique de chambre et de ses lieder représente une contribution importante à la diffusion de sa production.

Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que la popularité grandissante des œuvres de Sibelius, dans les années 1950, provoqua aussi des polémiques que reflète la phrase écrite par René Leibowitz (1913-1972) dans son pamphlet « Sibelius » : « Sibelius est le plus mauvais compositeur du monde » ! Même si Dimitri Chostakovitch, au contraire, déclarait : « Les œuvres de Sibelius constitueront toujours une source de plaisir pour les auditeurs de par le monde », ces jugements à l’emporte-pièce n’ont pas manqué de faire des dégâts dans l’opinion générale.

Peut-être ont-ils même provoqué le silence des trente dernières années dans lequel le compositeur s’est muré, après la composition de sa dernière œuvre d’envergure, Tapiola (1926). Fort heureusement, notre époque a rétabli une certaine justice et cette parution témoigne de la grandeur et de la beauté d’une production musicale pleine de finesse et d’émotion.

L’épine dorsale de ce coffret est constituée des sept symphonies, les ébauches de la huitième n’ayant jamais été retrouvées. Ce splendide corpus reçoit les contributions de grands chefs, comme Leonard Bernstein et le Wiener Philharmoniker (avec les symphonies n° 1 et 2, magnifiquement enregistrées en concert), Okko Kamu et l’Orchestre Symphonique de la Radio d’Helsinki (pour une 3ème profondément authentique) et Herbert von Karajan et le Berliner Philharmoniker (pour les 4ème, 5ème, 6ème et 7ème d’une impressionnante ampleur). La version choisie pour le célèbre concerto pour violon et orchestre est ici celle, hautement souhaitable, de la grande Anne-Sophie Mutter.

Les somptueux poèmes symphoniques qui jalonnent toute son œuvre, si profondément imprégnés des sagas nordiques, bénéficient ici d’interprétations passionnantes. Okko Kamu dirige la Suite Lemminkäinen, et Jorma Pakkula, la vaste symphonie pour chœur et solistes Kullervo. Quant à Tapiola, Luonnotar et Les Oceanides ils bénéficient de la direction de Neeme Järvi avec la participation de la soprano Soile Isokoski. Parmi les autres pièces orchestrales d’envergure figure la trop rare musique de scène composée pour la pièce de Maurice Maeterlinck, Pelléas et Mélisande, qui avait également inspiré Arnold Schönberg, et pas seulement nos Gabriel Fauré et bien sûr Claude Debussy nationaux. Saluons également la présence ici des autres partitions parfois oubliées de Sibelius, comme ses musiques de scène pour diverses pièces de théâtre comme La Tempête de William Shakespeare, ou Swanwhite d’August Strindberg.

Son unique quatuor à cordes « Voces intimae » est ici interprété par le très bel Emerson Quartet. Quant à la série de lieder présents dans ce coffret, elle résulte de la réédition des très beaux enregistrements dus à la basse Kim Borg et au baryton Tom Krause, tous deux d’origine finlandaise.

L’essentiel de l’œuvre de Sibelius se trouve réuni dans ce coffret dont les rééditions bénéficient d’une qualité technique irréprochable.

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