L’an passé marquait le 250ème anniversaire de la disparition de l’un des géants de la musique française : Jean-Philippe Rameau (1683-1764). A cette occasion, ERATO nous offre une compilation des treize principales œuvres lyriques de ce compositeur.
Mal connues, voire inconnues d’une grande partie du public, les œuvres de ce natif de Dijon étaient loin d’encombrer les programmations des maisons d’opéra au siècle dernier. Puis vint pour lui le temps de la renaissance, comme pour Rossini auparavant. Et ce sont bien sûr et légitimement des chefs d’orchestre qui en sont à l’origine. Le présent et monumental coffret en a retenu six parmi ses somptueuses archives : William Christie, Jean-François Paillard, Nikolaus Harnoncourt, Raymond Leppard, Marc Minkowski, Nicholas McGegan et John Eliot Gardiner.
Cette sélection, étalée dans le temps, est aussi une manière de nous montrer l’évolution de l’approche musicologique de Rameau sur les trente dernières années du 20ème siècle. En effet, si Castor et Pollux a été enregistré en 1972, Zoroastre l’a été en 2001. Grand théoricien devant l’Eternel, ce qui semblait, à son époque, lui interdire les territoires de la création (?), Jean-Philippe Rameau, et le fait est aujourd’hui universellement reconnu, fut aussi un formidable novateur en matière lyrique en plein cœur de la célèbre Querelle des Bouffons. Le présent coffret nous offre un panorama complet des divers genres que Jean-Philippe Rameau aborda, de la Tragédie en musique (Hippolyte et Aricie, Castor et Pollux, Dardanus, Zoroastre, Les Boréades) à l’Opéra-ballet (Les Indes galantes, Les Fêtes d’Hébé), de la Comédie lyrique (Platée) au simple Acte de ballet (Pigmalion, La Guirlande, etc.). Ce formidable recueil est servi bien sûr par des interprètes de prestige et il est évidemment impossible de tous les citer ici. Encore faut-il souligner la présence de quelques stars dans ce répertoire, tels Mark Padmore (Hippolyte et Zoroastre), Laurent Naouri (Thésée), Philippe Huttenlocher (Les Indes galantes), Gérard Souzay (Pollux), Paul Agnew (Les Fêtes d’Hébé), Christiane Eda-Pierre, Frederica von Stade, Roger Soyer et José van Dam pour un Dardanus de référence, Gilles Ragon (Platée), etc.
L’audition s’achève sur Les Boréades, l’incontesté chef d’œuvre du compositeur qui, malheureusement ne put le voir représenté. En effet, prévu pour être donné à la Cour de Louis XV en 1763, l’ouvrage fut mis de côté suite à l’incendie qui ravagea l’Opéra de Paris où avaient lieu les répétitions. L’année d’après, Jean-Philippe Rameau disparaissait, laissant à son pays l’un des héritages majeurs de sa culture classique. Un héritage que le présent coffret met à la disposition de chacun pour un prix somme toute modique.
