La plupart des enregistrements dirigés par Sergiu Celibidache sont des captations de concert, le grand chef roumain se montrant très réticent vis à vis des enregistrements de studio. Cette nouvelle parution, qui réunit deux des grands « tubes » du répertoire romantique vient opportunément rappeler la place à part qu’occupe Celibidache dans le panthéon des grands chefs du XXème siècle.
Né en 1912 à Roman, en Roumanie, le chef d’orchestre Sergiu Celibidache est décédé en 1996 à La Neuville-sur-Essonne, près de Pithiviers. Sa trajectoire professionnelle l’a amené à diriger les grandes phalanges symphoniques de l’Allemagne de l’immédiat après-guerre. Ainsi, il est nommé chef de la Philharmonie de Berlin en février 1946. A partir de 1947 il partage la direction de l’orchestre avec Wilhelm Furtwängler, auquel il voue un véritable culte, jusqu’à la mort de ce dernier, en 1954. Un lien spirituel et musical l’a attaché à ce chef légendaire.

Adepte d’une école de pensée proche du bouddhisme qui contestait que les mots ou le raisonnement puissent rendre la réalité accessible, il affirmait qu’un concert enregistré sur disque, ne pourrait jamais rendre la totalité de l’expérience et des « épiphénomènes » vécus lors d’un concert donné en salle… Il allait jusqu’à assimiler un enregistrement de studio à une nuit d’amour passée avec une photographie de Brigitte Bardot !

En février 1979, il dirige pour la première fois l’Orchestre Philharmonique de Munich et en devient le chef titulaire dès le mois de juin, jusqu’à sa mort.

Il fit de ce bel orchestre l’un des meilleurs ensembles au monde.

C’est à la tête de cette phalange qu’il dirigea les deux symphonies gravées ici et publiées par le propre label de l’Orchestre Philharmonique de Munich : la Symphonie n° 8 « Inachevée », de Schubert (enregistrée pour la radio en 1988) et la Symphonie n° 9 « Du Nouveau Monde », de Dvořák (1985). Dès les premières mesures de la symphonie de Dvořák, on est saisi par la profonde lenteur du tempo choisi. Celibidache qualifiait ce genre de tempo de « large » et non de lent. Et en effet, l’auditeur qui accepte de faire abstraction de ses habitudes d’écoute se trouve peu à peu fasciné par le contenu musical de cette démarche. Le tempo est lent, certes, mais ô combien rempli ! Un souffle légendaire anime les quatre volets de cette interprétation hors norme. Le Largo exerce une sorte d’hypnotisme et le Molto vivace brille de tous ses feux. Le très fameux final prend des dimensions épiques, héroïques.

Avec la Symphonie « Inachevée » de Schubert, le chef s’est probablement donné comme tâche d’explorer l’âme humaine. La beauté des phrasés, l’élégance d’un rubato orchestral qui lui tenait à cœur bâtissent une approche d’une profondeur rare. Les tempi s’avèrent ici assez proches de ceux auxquels nous sommes habitués. On redécouvre certains passages comme cette introduction de l’Andante con moto au contrechant consolateur.

L’Orchestre Philharmonique de Munich, totalement dévoué aux visions mystiques de son maître et gourou, rivalise ici avec les formations les plus prestigieuses de l’époque. A écouter absolument !

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