Disques

Le dernier Schubert

Bien connu de tous les auditeurs de France Musique pour ses matinales « Notes du Traducteur », le grand pianiste et musicologue Philippe Cassard se plonge une fois de plus dans l’œuvre de Franz Schubert dont il se sent si proche. En compagnie de son jeune collègue franco-suisse Cédric Pescia, il aborde ici les œuvres ultimes pour piano, conçues lors de la dernière année de vie du compositeur, 1828.

Comme le rappelle Philippe Cassard dans le très beau livret qui accompagne l’album, Schubert, cette année-là, travaillait comme un débutant ses exercices de contrepoint ! Jusqu’aux derniers jours de sa courte vie, l’auteur du sublime « Winterreise », accumule les chefs-d’œuvre, notamment ceux qu’il destine à son instrument-confident, le piano.

La sonate n° 20 en la majeur date du mois de septembre. Elle rassemble tout l’art d’un musicien que motive essentiellement l’expression.

Une expression soutenue par un art unique de la dialectique musicale. Comme le timbre d’une voix caractérise chaque être humain, la nature des thèmes imaginés par Schubert n’appartient qu’à lui, se reconnaît immédiatement. Philippe Cassard « traduit » cette musique avec un naturel qui fuit toute sensiblerie. Les élans tragiques qui parcourent cette avant-dernière sonate (D. 959) frappent sans affectation. Et ceci dès les premiers accords de l’Allegro initial. La violence sans concession de l’épisode central de l’Andantino sonne ici de manière implacable, cruelle même. Les lourds silences du final plongent l’auditeur dans un abîme d’émotion contenue.

Associé à Cédric Pescia, Philippe Cassard explore également la très riche littérature pour piano à quatre mains. Cette année fatidique de 1828 voit, dans ce domaine, la naissance de trois pièces majeures de caractères très divers. Les deux compères y mêlent leurs jeux, leurs touchers comme s’il s’agissait d’un seul pianiste doté de quatre mains ! La douceur nostalgique du Rondo en la majeur résonne comme la réminiscence d’une époque révolue, d’un bonheur passé momentanément assombri. A l’opposé, l’Allegro en la mineur, baptisé « Lebenstürme » (Orages de la vie) par l’éditeur Diabelli, est agité de soubresauts dramatiques. Enfin, c’est sur la sublime Fantaisie en fa mineur que se conclut cette émouvante évocation. Le jeu des deux musiciens coule comme le ruisseau de « La Belle Meunière ». Sans affectation ni indifférence, la musique égrène ses alternances de révolte et de résignation.

A noter la qualité de la présentation de ce bel album, joliment illustré de photos, dont certaines étrangement liées au contenu expressif de l’album, et dont la date de sortie est fixée au 23 septembre. Ce programme doit être présenté au public au cours d’un concert à la salle Gaveau, de Paris, le 27 novembre 2014.

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